Hier également, d'autres routes étaient obstruées par des citoyens Le nombre de véhicules pris dans la souricière hier étaient de ce fait énorme Les habitants du bidonville de Oued Aïssi, à proximité de l'hôpital Fernane-Hanafi, n'ont pas attendu que le soleil se lève pour investir la RN 12 hier matin. Les milliers d'automobilistes des wilayas de Tizi Ouzou et de Béjaïa, ayant reçu la veille des messages de bonne année, ont dû vite déchanter. Ils ont mal commencé l'année. Les phares de leurs véhicules étaient encore allumés quand les conducteurs, en provenance d'un peu partout, spéculaient sans trop savoir répondre, sur ce qui pouvait être à l'origine de ce branle-bas de combat. Ceux qui venaient des villes de l'est de Tizi Ouzou, comme Azazga, Bouzeguene, Béjaïa, Azeffoun, devaient faire des pieds et des mains pour pouvoir rebrousser chemin. Rares sont ceux qui ne savent pas à quel point il est difficile de faire demi-tour sur une autoroute. Hier, les novices ont dû l'apprendre à leurs dépens. Mais quand bien même les automobilistes eussent-ils réussi à revenir sur «leurs pas», il n'en demeure pas moins que le calvaire n'était pas pour autant fini. Et pour cause: une cacophonie tout simplement indescriptible allait s'emparer de tout ce tronçon routier lequel, faut-il le rappeler, est le plus fréquenté de la wilaya de Tizi Ouzou. En plus de Béjaïa, cette route nationale mène de Tizi Ouzou vers Larbaâ Nath Irathen, Aïn El Hammam, Azazga, Bouzeguene, Fréha, Azeffoun, Illoula, Iferhounene... Le nombre de véhicules pris dans la souricière, hier, était de ce fait énorme. Ceux qui avait l'optimisme nécessaire pour croire que la route allait vite être libérée allaient également découvrir que le réalisme paye plus que l'espoir. L'attente fût longue, très longue même. Et quand on connaît le «civisme» de certains automobilistes algériens, on devine aisément l'imbroglio qui s'est constitué dans ce qui est devenu un no' man lands en l'espace de quelques minutes. En effet, certains automobilistes doublaient dans tous les sens créant des situations de blocage total. Même les ambulances ne pouvaient pas se déplacer. Un ambulancier, qui se dirigeait vers la clinique de Chaib avec une urgence à bord, a cru faire le bon choix, croyant pouvoir sauver le malade en passant par Timizart Loghvar. Il a été pris, à son corps défendant, dans un autre embouteillage monstre. En effet, au moment où se jouait le premier «film» sur la RN 12, un autre battait son plein sur la route reliant le chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou à Ouaguenoun. Pour fuir le blocage de la RN 12, la majorité des automobilistes ont pensé avoir trouvé la parade en se «sauvant» via Ouaguenoun-Tala Athmane-Tamda. Mais comme cette solution a été envisagée par la majorité, elle a vite perdu son côté providentiel. Ce qui a engendré un statu quo des deux côtés. Devant la lenteur avec laquelle avançaient les véhicules, certains chauffeurs ont préféré arrêter carrément le moteur. En tout état de cause, la journée était perdue d'avance. Ceux qui avaient des rendez-vous importants téléphonent pour avertir de l'annulation. Certains ont contacté leurs proches pour les informer qu'il serait plus judicieux de prolonger leur week-end. D'autres ont carrément quitté leurs véhicules pour s'attabler dans des cafés, car rester immobiles à l'intérieur des voitures était source d'un stress difficile à gérer. La situation a duré ainsi pendant toute la matinée. Hier également, d'autres routes étaient obstruées par des citoyens qui avaient beau interpeller les responsables locaux sur leurs problèmes, n'ont reçu, en guise de réponses, que des promesses dans le meilleur des cas. La route, qui mène vers la ville de Tizi Ouzou à partir de Drâa Ben Khedda, a été fermée par des citoyens qui font face à une infinité de problèmes liés à la vie quotidienne. Il a fallu aux automobilistes toute une gymnastique en contournant l'endroit où l'action de protestation était observée, pour pouvoir arriver à l'intérieur de la ville de Tizi Ouzou. Bien que la manière choisie par les citoyens ces derniers jours pour exprimer leur courroux ait été à l'origine de nombreux désagréments pour la population de la wilaya de Tizi Ouzou, il n'en demeure pas moins que l'ombre d'un doute ne peut pas peser sur la légitimité des revendications exprimées. Il y a une semaine, les transporteurs de la daïra de Ouaguenoun avaient barré la RN 12 pour se faire entendre par la direction des travaux publics et par les élus locaux. Pour savoir à quel point ces transporteurs ont raison, il suffit d'oser faire un tour avec son véhicule sur le tronçon routier reliant le chef-lieu de la commune de Ouaguenoun à Tizi Ouzou-ville. Ce tronçon de quinze kilomètres est tout simplement dans un état piteux. Quand les responsables locaux étalent avec fierté les chiffres des exploits en matière de réalisation d'infrastructures routières, on est en droit de s'interroger si ces mêmes responsables ont fait un tour à Ouaguenoun, la Nouvelle-Ville ou du côté de l'ancienne gare routière, à la Haute ville de Tizi Ouzou, au boulevard Krim-Belkacem, et cette liste ne peut en aucun cas être exhaustive compte tenu de la situation guère reluisante de l'état des routes dans la wilaya de Tizi Ouzou. L'eau aussi, et malgré la réalisation du barrage qui avait nourri tant d'espoir, celui de Taksebt reste une denrée rarissime dans plus d'une commune de la wilaya de Tizi Ouzou. Les bilans officiels rendus par les responsables locaux contrastent de manière nette avec la réalité du terrain. En plein hiver, et en dépit d'une pluviométrie relativement satisfaisante, les communes, où l'eau potable est régulièrement disponible dans la wilaya de Tizi Ouzou, se comptent sur les doigts de la main. Pour ne citer qu'un seul exemple, il faut signaler que dans la commune de Boudjima, l'eau n'a pas coulé des robinets depuis le 2 décembre 2011. La cacophonie créée par le nouveau plan de circulation routière est un autre problème qui ne cesse de générer des désagréments et qui fait couver une colère qui finira par éclater un jour ou l'autre. Les problèmes dans la wilaya de Tizi Ouzou s'accumulent. Les responsables semblent avoir fermé les portes du dialogue. Les élus, comme d'habitude, préparent les élections et les promesses. Le citoyen, lui, ne sait plus à quel saint se vouer.