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Yennayer : les étals d'Oran en fête
Publié dans L'Expression le 10 - 01 - 2012

Les étals des marchés d'Oran sont déjà en fête depuis une dizaine de jours. Ils rengorgent de tous les ingrédients, fruits secs et friandises, mets nécessaires pour la célébration de la nouvelle année amazigh, Yennayer, prévue pour la soirée du mercredi.
Célébrer Yennayer est une tradition bien ancrée chez les familles oranaises, même chez les plus modernes d'entre elles.
Plusieurs jours, bien avant l'avènement de cet évènement, l'ambiance de fête s'installe et perceptible dans les rues commerçantes et autres lieux publics. Rares sont les marchés dépourvus de ces étals, décorés par des guirlandes multicolores, proposant aux visiteurs une grande variété de fruits secs, du chocolat et de friandises de diverses formes et couleurs.
Si différentes versions sont données pour expliquer les origines de cette fête et le sens que lui donnent les familles, chez les oranais, ce jour particulier doit être un signe de richesse, d'opulence, de force et de bonne santé.
Les délicieux mets servent pour la tenue d'une tradition consistant à mettre les enfants en bas âge dans un couffin en paille, et de verser sur leurs têtes bonbons, amandes, noix, chocolat, etc.
«Il y a tout une symbolique derrière cette tradition», explique Mme.Kheira, une septuagénaire oranaise, qui n'a jamais omis de célébrer cette fête aussi vieille que la terre à.
«Perpétuer ce geste, c'est pour que l'enfant soit aussi fort que l'écorce des fruits secs, et ses jours soient aussi doux que le sucre», explique-t-elle.
Autre symbolique est la préparation du «charchem», un plat indispensable au dîner de Yennayer, composé de divers légumes secs et féculents, blé, pois chiches et fèves sèches notamment.
«Comme Yennayer est le premier jour de l'an dans le calendrier agraire, utilisé par les berbères dans l'antiquité, on prépare le charchem, comme bonne augure pour le démarrage de saison agraire», explique le vieux Daoud.
Alors que certaines traditions subsistent et résistent aux courants de la modernité, d'autres tendent à disparaître à Oran, oubliées peu à peu par les nouvelles générations qui ne retiennent que l'aspect «de consommation de cette fête», regrette Meriem, nostalgique aux «belles traditions du passé».
Parmi ces traditions, aujourd'hui disparues, «El mezoued», cette petite bourse en tissu, cousue spécialement pour l'occasion, et remplie de fruits secs et de sucreries. Elle est offerte aux enfants dans la soirée de Yennayer, avec la recommandation de la garder le plus longtemps possible. Le but étant d'apprendre aux enfants à économiser et à préserver les biens.
Meriem regrette également «Leilat laâdjouz», un conte que racontaient les grand-mères lors du dîner. Le conte relate l'histoire de Laâdjouz, la vieille dame de Yennayer, qui viendra le soir, faire le tour des maisons pour récupérer sa part du dîner, qu'on lui laisse au seuil de la porte. Elle vérifie, par la même occasion, les ventres des petits pour s'assurer qu'ils ont bien mangé.
Yennayer, tout comme les autres fêtes traditionnelles et religieuses, est une autre occasion pour se retrouver en famille, autour d'une table bien garnie, de friandises et d'un succulent dîner.
Cette année, le Haut commissariat à l'amazighité (HCA) célèbrera, cette année à Oran, cette fête, en proposant une palette d'activités culturelles et artistiques, aussi variée que les mets de Yennayer.


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