Le directeur, le rédacteur en chef du quotidien Le Matin ainsi que le caricaturiste Dilem, du journal Liberté avaient l'air détendus, hier à leur sortie du tribunal d'Alger. Ils venaient, pourtant, de passer des heures dans les couloirs avant d'atterrir à la barre devant le juge. Un impressionnant dispositif policier avait été déployé autour du tribunal. «Des journalistes ont été empêchés par la police d'accéder à la salle d'audience», affirme un journaliste outré par cet abus caractérisé. Dans le hall, les échanges d'opinions et d'idées entre la nuée de journalistes venus soutenir leurs confrères se mêlaient au brouhaha amplifié par l'écho. Quelques-uns, superstitieux, se croisaient les doigts en espérant un dénouement positif, en faveur de leurs confrères. Ce n'est que vers 13 h que le juge sortit le dossier relatif à l'affaire de la presse et précisément celui relatif au directeur du journal Le Matin et celui du caricaturiste de Liberté interpellé avant-hier par la police judiciaire et relâché quelques heures après. Quelques minutes ont suffi au président de la cour pour annoncer le report du procès au 31 décembre. Cette décision a été prise sur requête du collectif qui exigea, entre autres, «la levée de la pression policière exercée sur les journalistes, le libre-accès aux journalistes dans l'enceinte du tribunal et surtout la restitution de la carte professionnelle de la journaliste Fatma Zohra Khalifa, détenue par la police judiciaire d'Alger». A préciser que Fatma Zohra Khalifa est membre du conseil national d'éthique et de déontologie. «Pourquoi le président de la cour a choisi le 31 décembre?» se sont demandé les présents. «Le pouvoir a peut-être l'intention d'offrir un réveillon particulier dans les geôles aux journalistes», lancent ironiquement certains citoyens et sympathisants de la cause de la presse. Avant-hier encore, la maison de la Presse Tahar Djaout a vécu des moments de tension extrême. Des policiers étaient venus interpeller des journalistes du quotidien Le Soir d'Algérie. Il s'agissait des journalistes Kamel Amarni, membre du Syndicat national des journalistes, du journaliste Bouhamidi, du chroniqueur Hakim Laâlam et du responsable, Fouad Boughanem. «Nous sommes sur les lieux de notre rédaction et nous montons notre journal comme d'habitude, quant à la pression des policiers, nous l'ignorons totalement», déclarent les journalistes. L'atmosphère est détendue au sein de la rédaction et chacun s'acquittait de sa tâche quotidienne. Au sein de la maison de la Presse, les journalistes se constituaient en petits groupes de trois ou quatre pour «faire le point de la situation qui prévaut». «A qui le tour demain?» s'interrogent la plupart d'entre eux.