La sortie officielle, prévue pour le cinq octobre sur la Cinq, cherche à conjurer le sort en bouclant la boucle. Malik Aït-Aoudia et Séverine Labat, avec l'aide des chaînes françaises (La Trois et la Cinq), ont réalisé un documentaire en trois parties de 52 minutes chacune, retraçant la tragédie algérienne depuis 1988 jusqu'à ce jour. L'avant-première est attendue pour demain à la salle Mohamed Zinet. Elle sera suivie par une conférence de presse qu'animeront les deux metteurs en scène. Le documentaire sera diffusé sur la Cinq en trois parties, respectivement, les 5, 7 et 10 octobre prochain. Le choix de la date de la première diffusion, qui n'a échappé à personne, «répond au besoin d'exorciser les démons». Le documentaire, vivant et très fouillé, fait intervenir de nombreux acteurs de ces époques sombres de l'histoire de l'Algérie. Il s'agit, notamment, de Sid-Ahmed Ghozali, foncièrement hostile aux islamistes de l'ex-FIS, Khaled Nezzar, qui assume pleinement l'interruption du processus électoral : «c'est moi qui les ai arrêtés». Dans le même registre, Saïd Sadi aura lui aussi droit de cité, de même que Ahcène Benyounès, qui a joué, à l'en croire, un grand rôle dans la mobilisation de la société civile autour de la lutte contre l'intégrisme islamiste. Le secrétaire particulier du défunt Boudiaf, l'ancien journaliste Amine Benabderrahmane, témoignera pour la première fois publiquement sur les circonstances liées à l'assassinat, en direct à la télé, du chef de l'Etat algérien. Ahmed Ouyahia ne sera pas non plus en reste. Des membres des services de sécurité, non actifs, prendront eux aussi la parole, de même que des responsables de l'ex-FIS, y compris certains qui ont pris les armes et qui ont fini par accepter les termes de la concorde civile en déposant les armes. Le document, qualifié de fresque dramatique à voir absolument, se divise en trois parties. La première, étalée sur la période allant de 88 à 92, s'appesantit sur «cette guerre annoncée». Après la tombée du parti unique, un autre, totalitaire, affichant vertement son intolérance, a failli réussir à prendre le pouvoir par la voie des urnes. Les affrontements étaient devenus inévitables. D'où la seconde période, qui va de 1992 à 2000, la plus atroce sans doute. Elle raconte comment il est devenu possible d'égorger des bébés au nom de l'Islam. Une partie dont la cruauté est telle qu'elle est tout simplement déconseillée aux enfants de moins de 10 ans. La troisième partie, qui chevauche la seconde, s'étale, elle, entre 1994 et 2000. Elle explique les raisons qui ont provoqué l'inéluctable défaite de l'islamisme. Curieusement, donc, le documentaire s'achève sur des notes optimistes alors que le pays nage toujours dans les crises les plus diverses et que le terrorisme signe régulièrement de nouveaux crimes, comme cela a été le cas dans la nuit de mardi à mercredi.