Chouaïeb Oultache Les accusés seront jugés sans la présence de leurs avocats. Tout a été écrit à propos de l'affaire ABM-Dgsn qui a vu le tribunal de Sidi M'hamed, Alger, condamner la grande majorité des 25 inculpés dont 6 détenus (Oultache, Yahiaoui, Djaïder, Sator, Bouzar et Daïmi) et relaxer trois inculpés soulagés pour un temps avant de replonger dans les incertitudes de l'appel. Et depuis, les renvois se succèdent face à un Tayeb Hellali, le président de la chambre correctionnelle d'Alger, qui joue la jovialité en assurant à deux reprises que cette composition qu'il chapeaute est pour le respect du droit de la défense. La réponse du «berger à la bergère» est cinglante. Droit de la défense, dites-vous? avaient rugi les avocats. Maître Mouloudji Badredine est pour le retrait des défenseurs car le document réclamé, à savoir le rapport interne remis au défunt Dgsn par les membres de la commission d'enquête mise en place pour vérifier la transparence des marchés passés entre la Dgsn et Algerian Business Media, n'est pas obtenu. Il y a deux semaines, le retrait avant même le lancement des débats avait secoué l'opinion publique. Il y a ce «truc» qui veut que les condamnés à Sidi M'hamed ne sont pas des parties à qui on pose des questions vagues et à qui on demande d'être clairs et explicites! Jeudi matin donc, vers 10h30, les avocats entouraient le bâtonnier Abdelamdjid Silini, un des défenseurs de Youssef Daïmi, en vue de décider de continuer le retrait ou la reprise.Le bâtonnier entre dans la salle, suivi de plus de 20 avocats. La reprise a été décidée par la majorité des défenseurs qui ont réfléchi à la situation et ne pas laisser leurs clients être dévorés crus.Maître Silini prend la parole: «La défense maintient sa demande: «Que l'on présente le fameux rapport interne, capital pour les débats». Hellalli, le juge tranche: «Je ne l'ai pas.»Hellali dit que ce document est inutile. Hellali lève l'audience.Treize heures. Maître Silini annonce le retrait de la défense. Le président accompagne du regard le départ de la quarantaine de conseils vers la sortie avant d'appeler un à un les inculpés en vue de leur poser la question: «Acceptez-vous d'être jugé sans l'assistance de votre avocat?» Chouaïeb Oultache est naturellement le premier à quitter le box pour la barre. Il s'avance bien nippé dans une tenue très correcte de couleur beige. Sa moustache taillée raisonnablement semble être prête à l'escarmouche. Le port droit, il va sourire lorsque Hellali, le juge, lui balance, le sourire en coin: «Alors, inculpé, je n'ai pas oublié votre boutade d'être «muet comme une carpe». Allez-vous parler? A défaut, vous êtes libre de vous taire. Et nous ferons avec!»Prenant la chose du bon côté, il confirme son silence et se dit solidaire avec son avocat, Maître Belarif... Maître Mohand Tayeb! précise-t-il avant de regagner sa place aux côtés de son gendre codétenu, Toufik Sator, lequel donnera la même réponse que le grand-père de ses enfants. La famille Oultache se tord d'incertitude. Mme Oultache et sa fille, Mme Sator, encadrent Naïra la petite victime de ce drame désarçonnant mais restant le «ciment» qui unit les lézardes du petit clan miné par le destin. A part le colonel Oultache et l'ingénieur Sator, le reste des inculpés accepte d'être jugé sans l'assistance d'un conseil, comme si la roue de la vie n'allait pas s'arrêter un jour. Puis, le reste de la journée sera consacré à l'audition de Fettan et Youssef Daïmi qui sera secoué rudement par le juge, tant le stress l'étranglait.Et puis, vers les 16h 40, Hellali passait à la vitesse supérieure en «liquidant» carrément l'interrogatoire. Et le procès qui avait duré cinq jours à Sidi M'hamed, y compris les vendredi et samedi, n'allait pas dépasser, cette fois, les cinq heures! En effet, Oultache et Sator avaient décidé de se bâillonner, le reste des inculpés fut entendu à la «hussarde». Et à 21h40, Hellali annonce la mise en examen du dossier ABM-Dgsn pour le 29 janvier 2012.Il est vrai que le plus gros boulot avait été réalisé par Chekal, le juge du tribunal de Sidi M'hamed, Alger, et qu'il n'est pas près d'oublier, sur tous les plans. C'est fini! Le 29 janvier, les 25 prévenus seront fixés sur leur sort dé-fi-ni-ti-ve-ment!