La communauté émigrée ne veut point être l'otage d'une incurie de gestion ni complice d'une liquidation. Tout en se réjouissant des positions courageuses prises par le ministre des Finances dans cette affaire qualifiée de cataclysme, le collectif des clients immigrés n'en demeure pas moins sceptique quant au remboursement de leurs avoirs en devises. Dans une déclaration, le collectif revient sur la genèse de cette affaire. Les épargnants expatriés interpellent le ministre des Finances en lui rappelant son discours, tenu devant le conseil du gouvernement et l'Assemblée nationale que « la décision de retrait de l'agrément a été prise par le Chef de l'Etat». Une décision qui normalement ne relève point de ses compétences, rappelle le collectif. Pourtant il justifie cette décision par le fait «que le Président tout en l'assumant, a pris cette décision dans l'intérêt de l'Algérie et des Algériens devant l'ampleur des dégâts et l'incurie des institutions bancaires chargées du contrôle et du suivi d'El-Khalifa Bank» et de poursuivre «de ce fait, la Banque d'Algérie se retrouve disqualifiée pour le reste de la procédure». D'ailleurs le collectif note avec satisfaction la déclaration faite par Benachenhou à l'issue de la réunion avec la commission de finances de l'APN, présidée par Boulahouadjab, député FLN. Une déclaration claire et nette ne souffrant d'aucune ambiguïté quant à la responsabilité directe de la banque d'Algérie, donc de l'Etat. A travers cette institution à l'origine d'un véritable génocide économique que le collectif demande de faire cesser incessamment pour le simple fait que «nous immigrés savons mieux que quiconque ce que représente «l'emploi» anoblissant et créateur d'emplois». L'autre grief retenu contre l'institution bancaire réside dans le fait qu'elle a désigné un administrateur d'une banque concurrente, ce qui est parfaitement illégal. Enfin, le collectif implore le ministre à rembourser leurs avoirs en devises fortes «détenteur de pouvoir souverain, nous vous demandons de rassurer les citoyens dont le montant dépasse les 600.000 dinars, quant au remboursement intégral de leurs avoirs et, ce, dans la monnaie de dépôt». En conclusion, le collectif rappelle dans une menace nuancée que les immigrés avaient répondu massivement à l'appel du Président pour épargner et investir en Algérie. «Nous osons espérer que notre Président n'a pas été trahi et nous avec, par ceux-là mêmes qui sont censés servir les Algériens et l'Algérien.» En filigrane, si les avoirs ne sont pas remboursés en monnaie de dépôt, les immigrés boycotteront tout investissement en Algérie et ne voteront pas pour le Président candidat lors du prochain scrutin présidentiel.