La chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, justifie le recours à l'embargo contre l'Iran Ces sanctions «ont pour but de faire en sorte que l'Iran prenne au sérieux notre requête de venir à la table des négociations» sur son programme nucléaire, a souligné la chef de la diplomatie de l'UE. Les pays de l'Union européenne se sont mis d'accord hier pour imposer un embargo pétrolier graduel sans précédent contre l'Iran ainsi que pour sanctionner sa banque centrale afin d'assécher le financement de son programme nucléaire controversé. Le compromis, que les ministres européens des Affaires étrangères devaient encore entériner formellement lundi lors d'une réunion à Bruxelles, prévoit une interdiction immédiate de tout nouveau contrat dans le secteur pétrolier avec l'Iran pour les pays européens. L'annulation des contrats existants interviendra toutefois ultérieurement, au plus tard le 1er juillet, pour permettre aux pays plus dépendants de se retourner. L'Iran vend environ 20% de son pétrole aux pays de l'UE, notamment à la Grèce, à l'Italie et à l'Espagne. Le ministre espagnol des Affaires étrangères Jose Manuel Garcia Margallo a relevé que son pays faisait là un «très important sacrifice», tout en assurant avoir «trouvé des alternatives». D'autres pays producteurs, dans le Golfe notamment, ont en effet promis de prendre le relais de l'Iran. Les Grecs, qui obtiennent leur pétrole d'Iran à des conditions très avantageuses, militaient à l'origine pour obtenir un délai d'un an avant de couper les ponts. Compte tenu de la grave crise de leur dette souveraine, ils risquent en effet de se voir exiger des nouveaux fournisseurs des garanties financières que Téhéran ne leur demandait pas. Athènes a levé hier ses objections en échange de la promesse de ses partenaires européens qu'ils se pencheront à nouveau sur «la question des pays qui importent d'importantes quantités» de pétrole iranien au plus tard en avril. Le Français Alain Juppé s'est dit confiant que d'ici là, «toutes les difficultés liées en particulier aux conditions d'approvisionnement de certains pays de l'UE pourront être levées». Ces sanctions sans précédent «ont pour but de faire en sorte que l'Iran prenne au sérieux notre requête de venir à la table des négociations» sur son programme nucléaire, a souligné la chef de la diplomatie de l'UE Mme Ashton. L'Agence internationale de l'énergie atomique et les occidentaux soupçonnent Téhéran, sous couvert d'activités civiles, de chercher à se doter de la bombe nucléaire. «Téhéran doit changer de manières et prouver que son programme nucléaire n'est pas lié aux armes», a insisté le ministre néerlandais Uri Rosenthal. L'essentiel des ventes de pétrole iraniennes est néanmoins réalisé en Asie, où Européens et Américains s'efforcent en parallèle de convaincre des pays comme l'Inde de réduire eux aussi leurs importations. La décision de l'UE «va aussi influencer les actions de nombreuses autres nations», a estimé le Britannique William Hague. L'embargo pétrolier fait partie d'un paquet plus large de sanctions, incluant un gel des avoirs de la banque centrale iranienne, une interdiction partielle de transactions avec l'institut monétaire, et celle de produire pour son compte des pièces et billets de banque. La banque iranienne Tejarat, qui a des filiales au Royaume-Uni, en France, et en Allemagne, est aussi visée. L'UE élargit en outre l'interdiction d'investissements dans l'industrie pétrochimique, et suspend les ventes d'or ou d'autres métaux précieux et diamants à l'Iran. L'UE a déjà dans le passé gelé les avoirs de 433 sociétés iraniennes et 113 personnes, interdit l'exportation de nombreux produits sensibles et les investissements dans le secteur des hydrocarbures. Avec ces nouvelles sanctions l'UE cherche à «assécher les sources de financement du programme nucléaire iranien», a souligné l'Allemand Guido Westerwelle.