40% des exportations de pétrole du Golfe transitent par le détroit d'Ormuz L'UE s'apprête à prendre lundi des sanctions d'une ampleur sans précédent à l'encontre de l'Iran, visant le secteur stratégique du pétrole et la Banque centrale pour assécher les sources de financement. Les Européens sont lassés de voir Téhéran persister à esquiver toute négociation sur son programme nucléaire, soupçonné de plus en plus clairement par l'Agence internationale de l'Energie atomique (Aiea) d'avoir des visées militaires. Lundi, leurs ministres des Affaires étrangères vont adopter de nouvelles mesures qui s'ajoutent à une liste déjà longue de sanctions: à ce jour 433 sociétés iraniennes ont leurs avoirs gelés, de même que quelque 113 personnes également interdites de visa. En outre, de nombreux produits sensibles sont interdits d'exportation et les investissements dans le secteur des hydrocarbures interdits. Cette fois l'UE s'attaque aux ressources pétrolières stratégiques du régime iranien, malgré ses menaces de fermer le détroit d'Ormuz, par lequel transite 35% du trafic pétrolier maritime mondial. «Il faut veiller à ce que cet embargo ne déstabilise pas le marché pétrolier dans son ensemble» alors que les cours sont au plus haut, reconnaît un diplomate. Selon l'Agence internationale d'énergie (AIE), l'UE a importé 600.000 barils par jour d'Iran entre janvier et octobre 2011, essentiellement l'Italie, l'Espagne et la Grèce. D'accord avec ses partenaires européens sur le principe, la Grèce, qui est le pays plus dépendant du pétrole iranien, a encore des réserves sur la mise en oeuvre de l'embargo et a empêché jusqu'ici la finalisation de l'accord. Téhéran lui a, il est vrai, accordé des conditions très favorables en ne demandant notamment pas de garantie financière préalable aux livraisons. L'UE pense avoir trouvé des fournisseurs alternatifs, notamment l'Arabie Saoudite, pour compenser l'arrêt des importations d'Iran. Mais s'ils se disent de «bonne volonté», il est logique qu'ils réclament des garanties financières compte tenu de la crise de la dette souveraine grecque, relève un diplomate. Le temps de trouver une solution, un délai de transition devrait être décidé jusqu'au 1er juillet pour mettre fin aux contrats de livraison en cours, avec une «clause de révision» d'ici au 1er mai afin de faire le point sur l'impact que ces sanctions auront sur les pays européens, le marché international du pétrole et les autres clients de l'Iran, selon des diplomates. Les 27 frapperont également la banque centrale iranienne, dont les avoirs seront gelés. Mais l'UE ne devrait que partiellement suspendre ses transactions avec la banque, afin de «permettre au commerce légitime de se poursuivre» et à Téhéran de rembourser ses dettes, selon un diplomate européen. Selon des diplomates, la banque Tejarat, qui a des filiales au Royaume-Uni, en France et en Allemagne, est aussi visée. «C'est la capacité du gouvernement iranien à trouver des revenus qui doit être visée, au-delà de celle de simplement pouvoir acquérir une centrifugeuse» pour ses installations nucléaires, commente un diplomate européen. La nouvelle série de sanctions comprendra aussi un élargissement de l'interdiction d'investissements dans l'industrie pétrochimique et interdira la production de pièces et billets de banque pour le compte de la banque centrale iranienne, ainsi que la vente d'or ou d'autres métaux précieux et diamants à l'Iran. Selon le président français Nicolas Sarkozy, les sanctions en préparation sont la «seule solution» pour écarter le risque d'une escalade militaire avec l'Iran. Alors que la Chine et la Russie s'opposent à des sanctions supplémentaires à l'ONU, «ceux qui ne veulent pas le renforcement de sanctions à l'endroit d'un régime qui conduit son pays au désastre avec l'acquisition de l'arme nucléaire porteront la responsabilité du risque d'un déchaînement militaire», a menacé M.Sarkozy.