Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Protection sociale, compte engager la bataille contre le travail au noir. Il vient de réunir les cadres de l'inspection du travail en vue d'un meilleur redéploiement sur le terrain. Désormais, toute une batterie de textes juridiques, venant à la rescousse de ce qui existe déjà, est en préparation. Il s'agira de s'attaquer méthodiquement et conformément aux lois de la République aux «mercenaires» et autres trabendistes, adeptes du marchandage de l'emploi. D'après le ministre, le travail au noir est un phénomène qui ne touche pas seulement de simples ouvriers mais les cadres également, aussi paradoxal que cela puisse paraître. C'est dire l'ampleur du fléau. A la faveur de cette pratique, tout un secteur d'activité parallèle est parvenu à se déployer au nez et à la barbe des autorités. Narguant les lois de la République, il s'est étendu jusqu'aux entreprises étrangères venues s'installer dans notre pays dans le cadre du partenariat. Grâce justement à d'indélicats entremetteurs nationaux de service. Un redéploiement informel qui est parvenu à asservir même la main-d'oeuvre infantile algérienne. Comble de l'infamie. Aujourd'hui, l'Etat algérien semble tirer la sonnette d'alarme, car les dégâts sont énormes pour les organismes de la sécurité sociales. «Le travail au noir nous inquiète de plus en plus», a souligné le ministre qui promet la mise en oeuvre de nouvelles et sévères dispositions légales à même de réprimer les contrevenants, susceptibles de poursuites judiciaires. M. Tayeb Louh évoque un dossier, à ce propos, qui est actuellement à l'étude en vue de créer des mécanismes de contrôle et de répression rapides: de larges prérogatives sont consenties aux inspecteurs du travail pour faire face aux infractions. Tout en précisant que la lutte contre ce crime relève également de la compétence d'autres secteurs. «Des instructions ont été transmises pour la coordination, dans ce sens, entre tous les services concernés notamment les services de sécurité sociale et les impôts, le commerce et les finances», a affirmé Tayeb Louh. A ce titre, des mesures rigoureuses sont clairement notifiées dans la loi de finances 2003 qui prévoit la lutte contre le travail au noir dans les entreprises nationales et étrangères. Toutefois, le ministre, qui compte rattraper certaines lacunes juridiques en vue d'interdire formellement le travestisme dans la relation de travail, tient à nuancer en précisant que la légitimité de la sous-traitance en matière de main-d'oeuvre demeure entière entre entreprises nationales et étrangères. Car les délits, pour l'instant, relèvent des personnes physiques, comme constaté au sud du pays. Le ministre affirme que la législation algérienne ne fait pas de différence quant à la nature juridique des entreprises et qu'en dépit des mesures incitatives garanties aux investisseurs nationaux et étrangers, aucun privilège ne saurait être donné au détriment des droits acquis des travailleurs et de leur dignité. On rappelle que depuis 1997, les services de l'inspection du travail effectuent en collaboration avec les contrôleurs de la sécurité sociale des opérations chez les employeurs qui ne déclarent pas leur main- d'oeuvre. Et d'ajouter, dans ce sens, que quelque 27.000 visites sur le terrain ont permis de découvrir plus de 39.000 cas de non-déclaration. Au cours du premier semestre 2003, poursuit-il, 97 sorties d'inspection effectuées dans des entreprises nationales et étrangères ont permis d'établir 242 procès d'infraction. «Ce qui me dérange, c'est la non-application des lois de la République. Je suis un homme de loi et j'ai toujours milité pour que les lois de la République soient appliquées», conclut l'ancien magistrat qui compte réellement donner du fil à retordre aux employeurs «vampires».