En attendant de retrouver son football et des individualités à la hauteur de leur réputation, la Côte d'Ivoire doit s'en remettre pour le moment au seul talent de Didier Drogba, son sauveur dimanche contre le Soudan (1-0) à Malabo. Le capitaine des Eléphants n'a certes pas fourni la meilleure prestation de sa carrière. Mais il est sans doute l'unique joueur ivoirien à pouvoir se regarder dans la glace après les débuts médiocres de sa sélection à la CAN-2012. Que demander de plus à l'attaquant de Chelsea, dont la tête victorieuse en première période a tiré la Côte d'Ivoire d'un mauvais pas? Drogba, qui aura 34 ans le 11 mars, ne pèse plus autant que par le passé sur les défenses adverses, et ses déboires récents chez les Blues, où le nouvel entraîneur Andre Villas-Boas a pris le parti de rajeunir l'effectif, ont donné le sentiment que son heure de gloire était révolue. La volonté de deux clubs chinois (Shanghai Shenhua, Guangzhou Evergrande) de l'enrôler pour qu'il accompagne Nicolas Anelka dans sa pré-retraite dorée a un peu plus accrédité cette thèse. Mais Drogba, muet depuis le début de la CAN sur son futur et peu loquace par ailleurs, peut toujours rendre de précieux services et reste un compétiteur inégalable. Le 6 décembre, un doublé et une passe décisive du massif Ivoirien (1,89m, 88 kg) contre Valence (3-0) ont envoyé Chelsea en 8e de finale de Ligue des champions. Cette fois, ce sont les Eléphants qui peuvent lui dire merci, son 52e but en 80 sélections (record national) évitant une humiliation d'entrée à l'un des principaux favoris de cette Coupe d'Afrique. Malgré le poids des ans, l'ancien Guingam-pais a encore de beaux restes et n'est pas qu'une machine à marquer, à l'image de ce contrôle dos au but et de cette passe en retrait parfaite pour Gervinho en première période, gâchée par l'attaquant d'Arsenal. Une preuve de plus qu'il est bel et bien le seul à justifier son aura et qu'il reste imperméable à toute pression, quand les autres membres de la génération dorée de la Côte d'Ivoire se cherchent, semblant paralysés par leur statut et l'obligation de résultat. En bon capitaine, Drogba joue aussi les remparts contre les critiques, pourtant logiques après une entame de tournoi plutôt inquiétante. «Je ne sais pas s'il y a mieux que de prendre les trois points», a-t-il répondu sèchement à une question sur la production sans relief des siens contre les faibles Soudanais.