«Regardez, ils tentent de protéger le bâtiment des hauts cadres en chargeant le nôtre. Nous ne sommes pas en République, mais au royaume des maffias!» C'est ainsi que les jeunes de la Cité 8-Mai-1945 de Sorecal à Bab Ezzouar résument la situation à la suite de l'assaut donné par les éléments anti-émeutes de la Gendarmerie nationale appelés à la rescousse. En effet, tôt le matin, des éléments de la Gendarmerie nationale sont venus délogéer les locataires de ladite cité. Ces derniers en majorité des retraités de la Garde républicaine ont refusé de vider les lieux sous le prétexte «nous n'avons pas où aller d'autant plus que l'hiver arrive à grands pas. De ce fait, il est hors de question que nos enfants passent l'hiver à la belle étoile». Une situation qu'ils endurent depuis plus d'une année mais ce n'est que mardi dernier que les pouvoirs sont revenus réellement à la charge. Sommés de quitter leurs logements de fonction après plus de 25 années de service pour la plupart sans avoir bénéficié d'un toit de rechange, ces anciens de la Garde républicaine ne savent plus à quel saint se vouer. Depuis mardi, des éléments de la Gendarmerie nationale tentent de leur faire vider les lieux sans toutefois utiliser la force. Mais comme dit l'adage «toute patience a des limites». Sans doute pressés par leurs supérieurs hiérarchiques, certains éléments «zélés» ont voulu forcer le destin de leurs ex-collègues en utilisant les moyens nécessaires pour déloger les 47 familles inscrites au registre en attendant de revenir à la charge jeudi pour évacuer les 21 autres. Ce qui a soulevé l'ire des jeunes de la cité qui n'ont pas hésité à riposter par des jets de pierres Devant tant de détermination, il a fallu faire appel aux renforts venus de Réghaïa et des Issers pour dissuader les émeutiers de commettre l'irréparable. Dès la fin de l'assaut, la cité donnait une piteuse image. Le portail de la cité est jalousement gardé par des gendarmes à l'allure dissuasive. Autour de la clôture en béton qui ceint cet amas de bâtiments, les rues se sont vidées, on n'y voit que des véhicules militaires et policiers ou quelques curieux. A l'intérieur, un impressionnant dispositif des forces anti-émeutes de la gendarmerie était déployé. Le sol est jonché de gravats, de tessons de bouteilles et autres indices d'une véritable bataille rangée en sus des glaces brisées de cinq véhicules particuliers. Des camionnettes chargées de mobilier quittaient l'enceinte de la cité sous les yeux rougis de jeunes et d'enfants par une matinée de lacrymogène.