Une délégation de haut rang de l'AIEA a entamé hier une visite «test» de trois jours en Iran pour tenter d'éclaircir les zones d'ombre du programme nucléaire iranien, alors que Téhéran insiste sur une reprise des discussions. L'AIEA espère que cette visite permettra de «résoudre toutes les questions en suspens avec l'Iran» et que Téhéran acceptera de répondre aux questions sur une «possible dimension militaire» de son programme nucléaire, a déclaré le chef des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique, le Belge Herman Nackaerts, avant son départ. L'Iran, qui dénonce systématiquement depuis des années les rapports selon lui «biaisés» et «politisés» de l'agence onusienne à son propos, a prévenu de son côté hier que cette visite constituait un «test pour l'Aiea». «Nous attendons que l'Agence corrige son attitude et fasse un travail technique, ce qui pourra ouvrir la voie à plus de coopération», a déclaré le président du Parlement, Ali Larijani. «Mais si elle dévie et se transforme en instrument (Ndlr: politique des Occidentaux) alors l'Iran devra réfléchir» à ses relations avec l'Aiea, qui supervise la plupart des sites nucléaires iraniens dans le cadre du Traité de non prolifération (TNP) dont Téhéran est signataire, a-t-il prévenu. Au cours de sa visite, la délégation doit s'entretenir avec des responsables iraniens dont l'identité n'a pas été précisée. L'agence officielle Irna a indiqué que les inspecteurs visiteraient «probablement le site de Fordo» (sud-ouest), où se trouve la deuxième usine d'enrichissement d'uranium du pays. L'usine souterraine de Fordo est l'une des principales pommes de discorde entre Téhéran et les grandes puissances, qui soupçonnent l'Iran, malgré ses démentis, de chercher à se doter de l'arme nucléaire. Hautement enrichi, l'uranium peut servir à fabriquer l'arme atomique. L'entrée en service de Fordo début janvier a provoqué une avalanche de critiques dans les pays occidentaux mais aussi en Russie, où les autorités ont exprimé leur «inquiétude». Malgré ce contexte difficile, le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, s'est déclaré hier «optimiste sur la mission et le résultat du travail de la délégation de l'agence» onusienne. «Nous avons toujours eu une large et étroite collaboration avec l'Aiea et nous avons toujours maintenu la transparence comme l'un de nos principes de travail avec l'agence», a-t-il affirmé. M. Salehi a également réaffirmé que Téhéran allait répondre «dans les prochains jours» à une lettre envoyée en octobre par la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton pour proposer à Téhéran de reprendre des négociations «sérieuses» avec les grandes puissances sur son dossier nucléaire. Les dernières négociations sont restées dans l'impasse en janvier 2011 à Istanbul, les grandes puissances (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne) insistant pour centrer les discussions sur le dossier nucléaire iranien alors que Téhéran exigeait de les ouvrir à diverses questions de sécurité régionale et internationale.