Deux jours après l'adoption par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) d'une résolution qui demande la «suspension» de la construction du nouveau site d'enrichissement d'uranium de Fordo (Iran), les députés iraniens ont exprimé hier la volonté de voir leur pays réduire sa coopération avec l'agence onusienne. Dans une lettre cosignée, les députés iraniens réclament du gouvernement «un plan rapide visant à réduire le niveau de coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique» (AIEA). Ce plan devra ensuite «être soumis au Parlement». S'adressant en préambule aux députés, le président du Parlement, Ali Larijani, avait mis en garde les grandes puissances. «Le Parlement iranien avertit les Etats-Unis et les autres membres du groupe 5+1 qu'ils ne doivent pas s'imaginer que ce jeu dépassé va leur donner une chance de négocier», avait-il souligné. Et d'ajouter : «N'obligez pas le Parlement et la nation iranienne à choisir une autre voie et à réduire sérieusement sa coopération avec l'AIEA.» La résolution de l'AIEA montre que les grandes puissances «ne cherchent pas la négociation mais à commettre une tricherie politique», avait encore clamé M. Larijani. «Nous allons suivre attentivement vos prochaines initiatives, et nous adopterons une nouvelle approche à votre égard si vous n'abandonnez pas cette politique ridicule de la carotte et du bâton», avait-il conclu. Dans leur lettre, les députés dénoncent l'attitude de l'AIEA, accusée de pratiquer la politique des «deux poids, deux mesures». «Les députés iraniens savent parfaitement que l'activisme politique de certaines grandes puissances comme les Etats-Unis et la Grande-Bretagne est derrière la résolution de l'AIEA», signalent-ils, appelant Téhéran à poursuivre son programme nucléaire «sans le moindre répit». Ils s'en prennent en outre au président américain Barack Obama, accusé de «suivre le même chemin» que son prédécesseur George W. Bush. L'ambassadeur d'Iran à l'AIEA, Ali Asghar Soltanieh, avait affirmé, samedi, que son pays pourrait limiter sa coopération avec l'agence aux seules dispositions du Traité de non-prolifération (TNP), dont l'Iran est signataire. «Il est probable que le Parlement examine la possibilité de quitter l'AIEA», avait surenchéri Mohammad Esmaïl, vice-président de la commission de la sécurité nationale et des affaires étrangères au Parlement. L'adoption d'une résolution par l'AIEA a fait suite au rejet par l'Iran d'une offre visant à échanger son uranium faiblement enrichi (3,5%) contre du combustible nucléaire (uranium enrichi à 20%) pour son réacteur de recherche médical de Téhéran. Selon cette offre, l'uranium iranien aurait été envoyé en Russie puis en France avant de revenir sous forme de combustible. L'Iran l'a rejetée en estimant qu'elle ne lui donnait pas suffisamment de garanties, et a demandé un échange simultané sur son territoire, ce que l'AIEA a refusé.