L'ONG humanitaire Médecins du Monde a annoncé lundi la suspension de ses activités dans le Nord du Mali, en proie depuis la mi-janvier à des affrontements meurtriers jugés préoccupants par l'Union européenne. «Médecins du Monde est contraint de suspendre temporairement ses activités sanitaires et nutritionnelles dans le Nord du Mali», a indiqué l'ONG dans un communiqué diffusé à Bruxelles. «Alors qu'une crise alimentaire se profile au Sahel, la dégradation sécuritaire au Mali risque de priver les populations d'une aide indispensable», souligne-t-elle. «Si dans certaines zones du Nord du pays, il est encore possible d'acheminer matériel, médicaments et intrants nutritionnels dans les centres de santé locaux, d'autres sites où vivent notamment certaines populations nomades sont, à l'heure actuelle, inaccessibles», déplore Médecins du Monde. L'accès devient notamment «de plus en plus compliqué dans la région de Gao», dans l'est du pays, et est «critique dans la région de Kidal», dans le nord-est, précise l'ONG. Des groupes rebelles touareg ont lancé depuis le 17 janvier une offensive dans le nord du Mali, causant le départ de milliers de personnes notamment vers le Niger, l'Algérie et la Mauritanie. Cela a aussi provoqué des mouvements xénophobes à l'encontre de civils du Mali à la peau claire (Touareg et Arabes) et contre des Mauritaniens vivant dans ce pays. La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a exprimé «sa vive préoccupation» à la suite de ces affrontements meurtriers, dans un communiqué publié lundi. Mme Ashton y «appelle instamment toutes les parties au conflit à cesser sans délai les hostilités, et à s'engager dans un dialogue sans exclusive. Elle se tient prête à soutenir ce dialogue par les moyens appropriés.» Saluant l'appel à l'unité nationale du président Amadou Toumani Touré, Catherine Ashton «souligne son attachement à la stabilité et à l'intégrité territoriale du Mali, ainsi qu'à la paix, à la démocratie, et à la stabilité de la région».