La gravité de la situation à la suite du complot fomenté contre le FLN ne peut échapper à personne. Voilà une administration mise en branle dans sa toute puissance répressive pour empêcher un parti politique d'agir suivant les voeux de ses militants. La riposte de Benflis, qui avait, un moment, pris de court ses détracteurs, a forcé ces derniers à faire tomber leurs masques et à abattre leur jeu. Les dysfonctionnements dans la machine administrative, en l'absence de Zerhouni, qui accompagne le Président dans sa visite à Batna, a mis entre les mains de l'opinion publique les documents qui confirment le complot. Car, complot il y a. Comme l'a souligné hier le porte-parole du FLN, accusant au passage le chef de l'Etat d'en être la tête pensante, «ceux qui nous cherchent noise aujourd'hui, y compris Abdelaziz Belkhadem, avaient applaudi les résolutions du 8e congrès, comme peuvent en témoigner les bandes vidéo et les minutes de ces assises parfaitement légales». La gravité de la situation aujourd'hui est telle qu'elle interpelle la conscience de chaque citoyen, jaloux de ces dix années de sacrifices immenses pour que la démocratie et les libertés collectives et individuelles triomphent dans le pays. Le précédent est grave, qui touche, à travers les attaques menées vertement contre un parti souverain, la stabilité même de nos institutions, mais aussi le devenir du restant des formations politiques. Si on laisse faire, chaque parti politique vivra avec cette même épée de Damoclès au-dessus de sa tête dans le cas où l'envie lui prendrait quelque jour de quitter le «droit chemin». Le FLN, qui s'apprête à vivre les trois jours les plus longs de son existence, maintient le cap. Celui de la légalité et du respect strict des lois de la République. Une parade que ses détracteurs ne comprennent pas puisqu'ils usent et abusent du légalisme de ce parti pour toujours pousser le bouchon un peu plus loin. A croire que le pouvoir cherche à provoquer d'irrémédiables dérapages, pires que ceux du 14 août, dans le but de «sévir» au profit de celui qui a décidé de faire marcher le FLN au pas, ou de le liquider tout bonnement. La menace, à peine voilée, a été proférée par le président Bouteflika à partir de Batna. Ces pratiques, qui ne peuvent venir que des mêmes cercles décisionnels, rappellent étrangement la cabale menée contre certains des plus importants titres de la presse privée algérienne dans le but manifeste de faire taire le restant des publications de la scène médiatique. Le pouvoir, pour «aseptiser» le pays en vue de présenter un mandat positif pour le «Président-candidat» et lui en préparer un second, semble s'être résolu à choisir la solution de la facilité: «Casser le thermomètre pour guérir de la fièvre.»