Dans un communiqué rendu public, hier, le parti de Benflis accuse le président de la République de menacer la stabilité du pays. La guerre est désormais ouverte entre le “candidat” Bouteflika et le FLN. Le conseil national de coordination du FLN a terminé sa réunion hier Graves accusations contre Bouteflika Le parti de Ali Benflis a qualifié de “dérives”, d'“atteintes à la stabilité du pays et de ses institutions républicaines” et de “dangereuses” les actions du Président. “Au moment où le comité central du FLN tenait sa deuxième session ordinaire, dans un esprit d'unité et de cohésion, la scène politique a été le théâtre de deux actes scandaleux et gravissimes, œuvres d'un président de la République dominé par ses réflexes de candidat et qui a fait prévaloir son intérêt personnel sur ses lourdes responsabilités constitutionnelles, prouvant par-là même son intention préméditée de mettre tous les moyens afin d'entraver le fonctionnement normal et serein de l'Etat et de ses institutions dans l'ignorance et le mépris les plus absolus des impératifs de la bonne gouvernance et des règles des plus élémentaires de la démocratie.” Les accusations de la direction nationale du FLN contre Abdelaziz Bouteflika sont graves. C'est la première fois que le Président est cité nommément dans les déclarations du parti de Ali Benflis comme étant l'instigateur du complot contre la formation qui l'a hissé à la magistrature suprême en avril 1999. “Comment expliquer cette opération, à la fois curieuse et inédite dans les annales de la pratique politique, qui consiste à remanier la composition de l'équipe gouvernementale sans consultation aucune de la formation majoritaire au sein de ce gouvernement ?”, s'interroge le conseil national de coordination dans un communiqué rendu public à l'issue de la réunion qu'il tenait depuis avant-hier au siège national du parti. “Cette décision irresponsable et dangereuse décrit bien, ajoute cette instance que préside Ali Benflis, le désarroi de son auteur qui, sous l'apparence de la légalité, commet un nouvel acte de subversion qui s'inscrit dans le cadre d'une stratégie de violence continue à l'ordre constitutionnel et qui représente une nouvelle étape du travail de sape et de déstabilisation des institutions de l'Etat qui n'en est d'ailleurs ni à son premier ni à son dernier épisode.” En portant une atteinte aussi grave aux règles et à l'esprit qui régissent la coalition gouvernementale, le président-candidat, estime le FLN, a mis de fait un terme à cette riche expérience qui a permis à notre pays d'adopter un mode civilisationnel de gouvernance qui a offert la possibilité aux Algériens et aux Algériennes de surmonter, dans une large mesure, les effets de la crise et d'unir leurs efforts afin de concrétiser “un projet national commun”. Pour le conseil national de coordination, “le remaniement ministériel n'en répond pas moins à des considérations électoralistes évidentes qui confirment les pratiques népotiques et de favoritisme devenues les caractéristiques principales d'un style de gestion basé sur la médiocrité et de discorde annonciatrice des contours d'un plan visant à entacher de la fraude la prochaine élection présidentielle”. Parallèlement à ce complot inqualifiable, souligne encore le parti de Ali Benflis, “l'opinion publique nationale et internationale a été témoin d'une couverture médiatique tendancieuse par le service public de la télévision et des autres organes publics d'information d'une activité illégale visant à déstabiliser un parti politique qui plus est la première force politique du pays”. “Ce sont les éléments (les ministres) exclus du FLN qui participent à ce complot.” Ces actes ne sont, en réalité, indique la même source, qu'“une nouvelle étape d'une stratégie qui vise en définitive à fragiliser les fondements de l'Etat républicain, ses institutions ainsi que le processus démocratique dans notre pays, à la seule fin d'assouvir des appétits de pouvoir”. Devant la gravité de cette situation, affirme le communiqué, “le FLN reste confiant et ne doute pas que les acteurs politiques et plus particulièrement les partis ainsi que les institutions de l'Etat évalueront à leur juste mesure les dangers de la dite situation et ne manqueront pas d'assumer pleinement leurs responsabilités devant une dérive dont les conséquences sur la stabilité de notre pays ne peuvent aujourd'hui être tues, d'autant plus que ces violations des lois de la République et de ses institutions sont appelées à se poursuivre et même à s'intensifier dans un avenir proche”. À la lumière de ces données, le conseil national de coordination a proposé au secrétaire général et au bureau politique “un ensemble de mesures et de dispositions pratiques et graduelles à même d'épargner au pays les affres d'une dérive qui hypothéquera tous les efforts déployés par le peuple algérien et ses institutions républicaines depuis plus de deux décennies afin de permettre à notre pays de surmonter définitivement les effets de la crise qu'il connaît”. Le FLN affirme, enfin, qu'il “ne tombera pas dans le piège des provocations et ne se prêtera pas au jeu dangereux de ceux qui visent à porter atteinte à la stabilité de l'Algérie et de ses institutions, tout comme il saura répondre à ses agressions manifestes au moment opportun et de la manière la plus appropriée en fonction, bien sûr, de l'évolution de la situation”. Saïd Rabia Le communiqué du FLN “Un complot inqualifiable !” Le conseil national de coordination, composé des membres du bureau politique, des ministres militants du parti, des présidents de commissions permanentes du parti, des responsables des instances du Parlement et de responsables de certaines organisations nationales, s'est réuni en session extraordinaire les 6 et 7 septembre 2003 au siège central du parti, sous la présidence de M. Ali Benflis, secrétaire général du parti du FLN. Cette réunion a permis de débattre et d'analyser les derniers développements intervenus sur la scène politique. À l'issue de cette réunion, le conseil a rendu public le communiqué suivant. Au moment même où le comité central du parti du FLN tenait sa 2e session ordinaire, dans un esprit d'unité et de cohésion, la scène politique nationale a été le théâtre de deux actes scandaleux et gravissimes, œuvres d'un président de la République dominé par ses réflexes de candidat et qui a fait prévaloir son intérêt personnel sur ses lourdes responsabilités constitutionnelles, prouvant par-là même son intention préméditée de mettre en œuvre tous les moyens afin d'entraver le fonctionnement normal et serein de l'Etat et de ses institutions, dans l'ignorance et le mépris les plus absolus des impératifs de la bonne gouvernance et des règles les plus élémentaires de la pratique démocratique. Comment expliquer cette opération, à la fois curieuse et inédite dans les annales de la pratique politique, qui consiste à remanier la composition de l'équipe gouvernementale, sans consultation aucune des partenaires politiques et particulièrement de la formation politique majoritaire au sein de ce gouvernement ? Cette décision irresponsable et dangereuse décrit bien le désarroi de son auteur qui, sous l'apparence de la légalité, commet un nouvel acte de subversion qui s'inscrit dans le cadre d'une stratégie de violence continue de l'ordre constitutionnel et qui représente une nouvelle étape du travail de sape et de déstabilisation des institutions de l'Etat qui n'en est ni à son premier ni à son dernier épisode. En portant atteinte, d'une manière aussi grave, aux règles et à l'esprit qui régissent le fonctionnement de la coalition gouvernementale, le Président-candidat a mis de fait un terme à cette riche expérience qui a permis à notre pays d'adopter un mode civilisationnel de gouvernance qui a offert la possibilité aux Algériennes et aux Algériens de surmonter dans une large mesure et d'unir leurs efforts afin de concrétiser un projet national commun. De surcroît, le remaniement ministériel, bien que qualifié de “technique”, n'en répond pas moins à des considérations électoralistes évidentes qui confirment les pratiques népotiques et de favoritisme, devenues les caractéristiques principales d'un style de gestion basé sur la médiocrité et la discorde, annonciateur des contours d'un plan visant à entacher de fraude la prochaine élection présidentielle. Parallèlement à ce complot inqualifiable, I'opinion publique nationale et internationale a été le témoin d'une couverture médiatique tendancieuse par le service public de la télévision et des autres organes publics d'information d'une activité illégale visant à déstabiliser un parti politique qui, de plus, est la première force politique du pays. Grand a été l'étonnement de cette même opinion publique de constater que le président de la République a incité et impliqué des membres du gouvernement dans l'encadrement de cette tentative de déstabilisation d'un parti politique. Et quelle ne fut sa stupéfaction de découvrir que des éléments exclus du parti et partie prenante de ce complot ont été investis de fonctions gouvernementales dans une vaine et sournoise tentative d'abuser l'opinion publique et de gérer la scène politique par les dissidences et ce, pour des motivations qui apparaissent, aujourd'hui, au grand jour. Ces actes simultanés ont une cible apparente, en l'occurrence le parti du FLN, mais, en réalité, ne sont qu'une nouvelle étape d'une stratégie qui vise en définitive à fragiliser les fondements de l'Etat républicain, ses institutions ainsi que le processus démocratique dans notre pays à la seule fin d'assouvir des appétits de pouvoir. Devant la gravité de cette situation, le parti du FLN reste confiant et ne doute pas que les acteurs politiques et plus particulièrement les partis politiques ainsi que les institutions de l'Etat évalueront à leur juste mesure les dangers de ladite situation et ne manqueront pas d'assumer pleinement leurs responsabilités devant une dérive dont les conséquences sur la stabilité de notre pays ne peuvent aujourd'hui être tues, d'autant que ces violations des lois de la République et de ses institutions sont appelées à se poursuivre et même à s'intensifier dans un avenir proche. Pour sa part, le parti du FLN est plus que jamais déterminé à assurer avec vigueur et fermeté ses responsabilités dans cette conjoncture qui recèle en elle les germes de graves dangers pour la stabilité et la cohésion de la nation. Les militants du parti restent, quant à eux, mobilisés pour la défense des acquis du parti avec responsabilité et sans renoncement. À la lumière de ces données et en application des décisions de la dernière session du comité central et dans le souci de mettre un terme à ces agissements et à les endiguer, le conseil national de coordination a proposé au secrétaire général et au bureau politique un ensemble de mesures et de dispositions pratiques et graduelles à même d'épargner à notre pays les affres d'une dérive qui hypothéquera tous les efforts déployés par le peuple algérien et ses institutions républicaines depuis plus de deux décennies afin de permettre à notre pays de surmonter définitivement les effets de la crise qu'il connaît Le parti du FLN, sûr de la justesse de sa ligne et de ses options politiques et assuré du soutien de ses militants, de ses élus et de ses sympathisants, ne tombera pas dans le piège des provocations et ne se prêtera pas au jeu dangereux de ceux qui visent à porter atteinte à la stabilité du pays et de ses institutions, tout comme il saura répondre à ces agressions manifestes au moment opportun et de la manière la plus appropriée, en fonction de l'évolution de la situation. Pressions sur les journaux et manœuvres ANTI-FLN Les contradictions de Zerhouni Concernant la mise sur écoute de certains journalistes, le ministre de l'Intérieur a affirmé : “Nous n'avons pas besoin de recourir à ce procédé...” Loin d'être préoccupé par la levée de boucliers soulevée par la campagne qui cible la presse, Nouredine Yazid Zerhouni soutient mordicus que l'opération est tout ce qu'il y a de plus “légal” ! C'est hier, depuis la lointaine Nâama où il est allé appuyer Bouteflika dans sa quête d'un second mandat, que l'indécrottable ministre de l'Intérieur a asséné “ses vérités” sur la presse. Aux journalistes qui se plaignaient que leurs téléphones soient mis sur écoute, Zerhouni oppose un niet catégorique en concédant un “nous n'avons pas besoin de recourir à ce procédé…”. Comprendre : notre ministre peut se débrouiller autrement… S'agissant du harcèlement contre la presse, le ministre n'aime visiblement pas ce vocable, en soutenant devant une foule de reporters que “ce n'est pas un harcèlement judiciaire ni policier, mais simplement une série d'actions légales”. C'est dire que, pour le ministre de l'Intérieur, tout ce qu'on a fait subir aux journaux à ce jour est tout à fait conforme à la loi. Or, la loi, justement, a été piétinée dans la mesure où la justice, qui, théoriquement, devait s'autosaisir tout de suite après la publication par la presse de la série de scandales qui mettaient en cause les personnalités de l'establishment algérois, n'est intervenue qu'après coup, et encore pour protéger ces personnalités. À cette interrogation, les journalistes ont eu droit à une autre… interrogation de Zerhouni qui les invite à poser la question à la justice ! Toujours au chapitre de la presse, le ministre de l'Intérieur, décidément imperturbable, même quand il ne maîtrise pas son sujet, a laissé échapper une grosse contradiction dans ses réponses aux journalistes. En effet, et à propos des dettes des journaux, Yazid Zerhouni affirme d'abord que les six titres suspendus sont les plus endettés parmi les journaux, avant de lâcher, tout de suite après, qu'il n'avait pas la situation des créances entre les mains ! Et les autres, Monsieur le ministre ? “Cela n'exclut pas le reste”, avertit le premier policier du pays. Avis aux journaux qui sont épargnés jusque-là. Dans sa volonté d'expurger les suspensions de tout contenu politique, le ministre explique que les imprimeurs furent contraints de suspendre l'impression de certains titres afin qu'ils régularisent leurs situation. Il annonce ainsi que l'Etat a accordé une subvention de un milliard de dinars aux imprimeries publiques pour financer l'achat du papier nécessaire. Par ailleurs, Yazid Zerhouni a été interrogé par les journalistes sur l'autorisation donnée au “comité de redressement du FLN” pour tenir sa réunion, vendredi dernier, à Djelfa, en vue de convoquer un congrès bis qui parrainerait la candidature de Bouteflika. Visiblement très gêné par cette question, le ministre de l'Intérieur a quand même reconnu que son administration n'aurait pas dû donner une autorisation à une association pour que la salle serve à des activité politiques. Zerhouni n'était certainement pas sans savoir que la fameuse association locale qui a demandé l'autorisation allait juste servir de couverture à une activité “trop politique”. Pourtant, la loi sur les associations est claire. Et nul n'est censé ignorer la loi. Surtout pas M. Zerhouni. HASSAN MOALI Mouvement de “redressement” du FLN Le “congrès bis” en octobre Le mouvement de redressement du FLN, composé pour l'essentiel des contestataires de l'actuelle direction du parti issue du VIIIe congrès, ne désespère pas de réunir toutes les conditions en prévision du congrès d'invalidation dont la date de la tenue est prévue au plus tard dans un mois et demi, selon une source très proche du mouvement. Depuis quelques jours, les chefs de file de ce mouvement ne cessent de multiplier les initiatives pour asseoir les structures devant préparer les prochaines assises. C'est ainsi qu'après la mise sur pied de l'instance exécutive provisoire jeudi 4 septembre à Djelfa, le bureau national s'apprête à se réunir, dans les tout prochains jours, pour élire son coordinateur. Deux noms sont d'ores et déjà pressentis pour occuper ce poste. Il s'agit de Saïd Barkat, ministre de l'Agriculture, et du chef de la diplomatie Abdelaziz Belkhadem qui a présidé, il est sans doute utile de le rappeler, la conférence de Djelfa. Mais, tout porte à croire, au regard de certaines considérations, que le choix sera porté sur Saïd Barkat. “Il faut que la personne soit disponible”, précise notre source. Outre l'élection du coordinateur, le bureau se chargera également de répartir les tâches entre les divers membres et de mettre en place un plan de charge. Par ailleurs, il sera procédé, conjointement avec l'instance exécutive provisoire, à la mise en place de la commission nationale de préparation du congrès. Même si, pour le moment, le nombre n'a pas été défini, plusieurs sous-commissions seront installées pour élaborer les textes qui seront soumis au prochain congrès. “La commission sera ouverte à toutes les compétences et à beaucoup de personnalités, notamment les anciens militants du parti, pour dire à l'actuelle direction que nous avons la légitimité”, explique notre source. En dépit des divergences apparues au sein de ce mouvement, comme au sein de la commission de Constantine où six parmi les dix délégués devant prendre part à la conférence de Djelfa ont tiré à boulets rouges sur les animateurs du mouvement, notre interlocuteur affirme qu'il n'y a aucune “dissension”. “Il n'existe aucun désaccord. Comme dans toute formation politique, il y a des points de vue différents mais, dans le fond, il n'y a pas de divergence. Tous sont d'accord pour récupérer le FLN”, soutient-il. Bien plus, le mouvement se targue de drainer derrière lui 80% de militants dont 52 parlementaires. Face à cette entreprise de “récupération” du FLN, selon la formule consacrée par les contestataires, les dirigeants actuels se montrent inébranlables et ne semblent pas déstabilisés par cette fronde, même si, à l'évidence, ils ne manquent pas d'interpeller aussi bien l'opinion nationale que les institutions sur les agissements de ceux qui sont perçus comme des “hors-la-loi”. “Ils ne représentent qu'eux-mêmes” , affirme une source proche de l'actuelle direction. Comme pour signifier la fidélité des militants aux résolutions du dernier congrès et à l'actuel secrétaire général Ali Benflis, notre interlocuteur rappelle les motions de soutien qui pressent Benflis à se porter candidat à la prochaine présidentielle, outre les tentatives avortées des contestataires, eu égard à leur faible représentativité, d'occuper certaines mouhafadhas. Mais, quand bien même Benflis tient d'une main de fer les rênes du FLN, les dissidents, qui tiennent leurs directives d'El-Mouradia conjuguées à un appui de l'administration, risquent de perturber sérieusement la sérénité du parti. La manière pour le moins peu orthodoxe avec laquelle les ministres fidèles à Benflis ont été éjectés de l'Exécutif renseigne, d'une certaine façon, sur la capacité de nuisance du cercle décidé à atomiser l'ex-parti unique. Karim Kabir