La meilleure façon de répondre pour les musulmans de France se fera le jour du vote Le président du Conseil français du culte musulman a estimé que la page doit être tournée après les propos tenus par le ministre français de l'Intérieur, mais il n'a pas donné de consigne de vote. Une bouffée d'oxygène pour l'ex-secrétaire général de l'Elysée qui est parti à la chasse des voix tant convoitées de l'extrême droite et qui devraient tomber, en majorité et naturellement, dans l'escarcelle du Front national. Et les voix des millions de musulmans de France, sur qui se reporteront-elles? Le président du Cfcm qui s'est contenté de dire sur les ondes d'Europe1 que «la polémique est close», n'a pas non plus donné de consigne de vote. «La polémique ne sert personne. Nous n'avons pas souhaité la nourrir. Effectivement, les propos ont suscité un emballement médiatique», a déclaré Moham-med Moussaoui qui avait demandé au ministre chargé des Cultes, à travers un courrier qu'il lui avait adressé, lundi, de l'assurer que la religion musulmane n'était pas ciblée par ses propos. «Nombre de nos concitoyens de confession musulmane se sont sentis visés par ces déclarations et nous l'ont fait savoir» a-t-il écrit pour justifier sa requête. «Nous l'avons saisi avec le respect et la considération qui sont dus à un ministre de la République mais aussi avec l'exigence imposée au Conseil français du culte musulman de par sa responsabilité, sa mission», a expliqué le président du Cfcm pour justifier sa démarche. «Mon propos de bon sens et d'évidence ne visait aucune culture en particulier, ni nos concitoyens de confession musulmane qui respectent et adhèrent pleinement aux valeurs de la République, et dont la République respecte et protège les croyances», avait souligné, mardi, le premier policier de France dans un courrier destiné au Conseil français du culte musulman (Cfcm) après avoir déclaré, le 4 février, que «toutes les civilisations ne se valent pas». Apparemment, cela a suffi à éteindre l'incendie. Faut-il cependant penser que la majorité des voix du «vote musulman» lui est, pour autant, acquise? Le président du Cfcm qui s'est exprimé, le 9 février, sur les ondes de la radio française Europe 1 a confié qu'aucune consigne n'a été donnée par son institution pour le rendez-vous de l'élection présidentielle de 2012. «Ce n'est pas dans mes prérogatives», a-t-il indiqué. Les musulmans de France qui ont vécu des moments particulièrement difficiles ces dernières années (débat sur la laïcité, sur l'identité française, le port du voile...) se sont sentis stigmatisés. Les propos de Claude Guéant sont venus rajouter un plus d'huile sur le feu. Les musulmans de France pourraient s'en souvenir le moment venu. Selon les statistiques ils représenteraient un réservoir électoral de 4 millions de voix. Nicolas Sarkozy, en perte de vitesse dans les sondages et donné battu par François Hollande, le candidat socialiste, les courtise. Certains indices permettent cependant de penser que courir deux lièvres à la fois, peut être un exercice périlleux. Tenter de récupérer l'électorat lepéniste en tenant des discours qui stigmatisent les électeurs musulmans peut coûter cher et susciter des réactions violentes au sein du parti de la majorité présidentielle. Les exemples existent. Exaspéré par le débat sur la place de l'Islam en France, Abdallah Zekri, responsable de section de l'UMP dans le Gard (30), président de la fédération régionale du sud-ouest de la Grande mosquée de Paris et chargé de mission au sein du Conseil français du culte musulman (Cfcm) avait déchiré sa carte, le 10 mars 2011, en appelant «tous les musulmans de l'UMP» à en faire de même: «On ne peut pas être dans un parti qui nous stigmatise et nous attaque en permanence.» L'ex-conseiller du président de la République française en charge de la diversité, Abderrahmane Dahmane a, quant à lui, appelé les musulmans «à voter massivement contre l'UMP, à commencer par les élections cantonales» indiquant que Nicolas Sarkozy «s'est définitivement coupé de la communauté musulmane» et que «l'UMP est vraiment devenue la peste des musulmans». De quel côté se rangeront les électeurs concernés? Les voix des musulmans se répartissent sur tout l'échiquier politique et ne forment pas un «bloc électoral» uni, mais les jeunes votent plus à gauche qu'à droite, a fait constater le politologue Pascal Perrineau. La multiplication des sorties médiatiques dénigrant leur communauté peuvent amplifier cette tendance.