Les voix de l'ex-FIS sont très courtisées il est difficile de prédire quel est le parti qui profitera le plus des voix de l'ex-FIS, toutes les formations islamistes, y compris Belkhadem, font de la surenchère à l'électorat «salafiste». Les partis politiques d'obédience islamiste s'érigent en avocats défenseurs du retour de l'ex-FIS. Ils n'ont jamais cessé et caché leur appel du pied aux salafistes, une catégorie incarnée par le FIS dissous. Même s'il est encore difficile, à trois mois du scrutin, de prédire quel est le parti qui profitera le plus des voix de l'ex-FIS, toutes les formations islamistes, y compris Abdelaziz Belkhadem, font de la surenchère à l'électorat «salafiste» converti notamment dans le négoce et l'affairisme clandestin. Les observateurs s'interrogent sur la portée réelle de telles déclarations. S'agit-il d'une position conjoncturelle? Ou s'agit-il en revanche d'un enjeu saisi par les hautes sphères et qui s'inscrit parmi les nouvelles réalités de la région? En parlant des réformes, Abdallah Djaballah n'a pas manqué l'occasion de noter que l'exclusion totale et définitive des dirigeants et de quelques militants du FIS dissous de l'activité politique, est une «erreur». En revanche, selon lui, la réconciliation nationale doit être consolidée en garantissant aux catégories qui peuvent se sentir lésées, «le droit d'exercer et de militer sur la scène politique». En témoignant de la compassion, ce leader islamiste déplore la privation dont sont frappés ces activistes du parti dissous. Ces militants ont été dépossédés de tous leurs droits, hormis «celui de vivre», a-t-il regretté. Cette exclusion est perçue par Djaballah, qu'on dit parrainé par des cercles occultes, comme un «entêtement de la part de certains cercles au pouvoir». Son compère à la tête du nouveau parti le MCN, n'en pense pas moins. Il est allé jusqu'à défier le département de l'intérieur en lui dédiant le rôle de cofondateur de son parti non encore agréé. Six membres fondateurs du parti de Abdelmadjid Menasra, ex-ministre de l'Industrie et transfuge du MSP, sont des ex-militants du FIS dissous ou repentis réhabilités par la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. D'ailleurs, Menasra qui se réclame de l'entrisme de feu Nahnah, a dû remplacer quatre de ces éléments de l'ex-FIS pour pouvoir participer aux prochaines législatives. Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Bouabdallah Ghlamallah, s'est mis également de la partie en voulant impliquer les mosquées dont la majorité est contrôlée par les salafistes, dans la campagne de propagande. «Il est normal qu'un imam appelle les fidèles au vote, tant que le concerné n'appelle pas à voter en faveur de personnes ou d'un parti précis», a-t-il justifié. Bouabdallah Ghlamallah ne cache pas son intention de s'offrir cette large tribune qu'est la mosquée. «Elle a son poids», a-t-il reconnu. Une tribune majeure mettant aux prises plus de 15 millions de fidèles pour la seule prière du vendredi, soit le tiers de la population algérienne. Les réformes sont essentiellement critiquées par rapport à l'exclusion des éléments de l'ex-FIS, par ceux-là mêmes réputés gober tout ce qui vient d'en haut. Farouk Ksentini fait partie de cette catégorie. Il estime que les lois organiques promulguées dans le cadre des réformes politiques «sont trop frileuses et par conséquent, elles doivent être revues». Les réformes politiques restent «insuffisantes», clame-t-il. Les dispositions de la loi organique sur les partis politiques relatives à l'interdiction de l'activité politique des personnes directement impliquées dans la tragédie nationale, sont «antinomiques» et «anticonstitutionnelles», souligne-t-il encore. Le président de la Cncppdh rappelle précisément que la Charte pour la paix et la réconciliation nationale ne comporte aucune disposition délimitant dans le temps et la durée cette interdiction. Il n'a pas manqué de plaider par conséquent pour «la levée de cette contradiction entre le Code pénal et la Charte».