Le tribunal militaire de Tunis a reporté mardi au 28 février le procès intenté contre le président tunisien déchu Ben Ali et une quarantaine de hauts responsables de son régime, a indiqué une source judiciaire. Ce procès porte sur leurs rôles dans la mort de 43 manifestants et la blessure de 97 autres dans le gouvernorat de Tunis et autres villes du nord du pays comme Bizerte et Nabeul. Selon la même source, les avocats des familles des victimes ont réclamé la convocation de l'ancien Premier ministre tunisien Mohamed Ghannouchi pour donner son témoignage. Le 16 janvier, M. Ghannouchi avait déjà témoigné devant la justice militaire lors d'un procès pour homicides volontaires contre Ben Ali et des responsables de son régime. Il avait comparu en tant que témoin devant le tribunal militaire du Kef (170 km au nord-ouest de Tunis), territorialement compétent dans l'affaire dite des «martyrs de Thala et Kasserine », villes du centre-ouest où 22 manifestants avaient été tués lors du soulèvement populaire qui provoqua la fuite en Arabie saoudite de Ben Ali le 14 janvier 2011. M. Ghannouchi, qui avait dirigé jusqu'au 27 février le premier gouvernement intérimaire post-Ben Ali, avait confirmé que Ben Ali avait envisagé de «tuer mille ou plus » parmi les manifestants qui réclamaient son départ le 14 janvier dans le centre de Tunis. Selon des avocats, Ben Ali et les autres accusés risquent jusqu'à la peine capitale s'ils sont reconnus coupables de participation dans le meurtre de manifestants. Le président tunisien déchu fait déjà l'objet de dix-huit actions en justice notamment pour homicide volontaire, complot contre la sûreté de l'Etat et usage et trafic de drogue. Réfugié en Arabie Saoudite depuis le 14 janvier 2011, il a cumulé des condamnations à 66 ans de prison et fait l'objet avec son épouse Leïla Trabelsi d'un mandat d'arrêt international.