La ville a vécu hier son ambiance des " petits jours ". Le président de la République entamera aujourd´hui sa énième visite dans la wilaya de M´sila. Seuls les nombreux portraits annoncent la visite du chef de l´Etat. Le chef-lieu de wilaya, premier point de son périple dans le Hodna, ne donne aucun signe de fébrilité particulière. Les citoyens vaquent le plus normalement à leurs occupations quotidiennes et ne montrent aucun signee de ferveur ou de répulsion particulière à l´annonce de cette visite présidentielle. En fait, les M´silis ne semblent pas considérer cette visite comme un événement majeur dans leur ville. Pour preuve, un groupe de jeunes rencontrés au centre-ville disent ne rien attendre de Bouteflika. «Qu´il vienne ou pas, ça ne changera pas grand-chose», annonce un jeune lycéen qui, néanmoins, peste contre le chef de l´Etat, en le rendant responsable de l´absence de solution dans le conflit ministère de l´Education-enseignants de lycée. «Mon souci, c´est de voir cette grève prendre fin pour que je puisse préparer mon bac tranquillement.» En fait, pour ce jeune, il ne sert à rien de sillonner le pays si l´on n´arrive pas à gérer un problème qui empoisonne la vie de centaines de milliers d´autres jeunes comme lui. Un exemple parlant des soucis des uns et des autres qui se disent, à M´sila en tout cas, assez conscients pour ne pas tomber dans le piège des visites présidentielles et autres «accueils triomphants» réservés au chef de l´Etat. En fait, à travers les propos recueillis auprès de nombreux citoyens de la ville, il ressort un certain désintérêt de la chose politique, comme le souligne un homme, coiffeur de son état: «Il aurait pu économiser ce déplacement, car ce qui nous importe, ce n´est pas le folklore, mais les actions concrètes.» En ce qui concerne justement l´aspect concret de la visite d´aujourd´hui, à savoir l´enveloppe dont va bénéficier la wilaya, la plupart des citoyens interrogés disent ne pas attendre grand-chose de cette rallonge budgétaire. «On n´a pas vu les milliards débloqués dans le cadre de la relance économique, et ce n´est pas l´argent que ramènera Bouteflika qui va changer quelque chose», affirme un autre jeune artisan qui n´hésite pas à afficher son scepticisme quant à une bonne utilisation de cette nouvelle manne financière. Au plan politique, les citoyens restent également sceptiques. «Notre souci n´est pas dans qui va l´emporter à la prochaine élection présidentielle», relève un commerçant qui n´omet pas de signaler que Bouteflika comme Benflis se revendiquent tous deux du FLN. L´essentiel, ajoute-t-il, «est que des solutions sérieuses soient trouves aux problèmes de M´sila». Une région presque entièrement encadrée par le FLN, présent dans la totalité des 47 communes et qui en contrôle une trentaine, toutes acquises à la ligne légaliste et dont 33 militants, délégués au congrès extraordinaire du FLN, ont voté pour la candidature de Benflis à l´élection présidentielle. C´est ce qu´affirme M.Saâdaoui, adjoint du mouhafedh du parti, qui soutient par ailleurs la très faible représentativité du comité pour le redressement du FLN. Ces derniers, affirme M.Saâdaoui, «n´ont aucune base à M´sila. A l´exception d´un membere de l´APW qui a rejoint ce comité, l´ensemble des cadres et militants du parti demeurent fidèles à Benflis». Cela dit, notre interlocuteur soutient qu´aucun mot d´ordre n´a été donné aux militants, et le chef de l´Etat sera reçu dans la wilaya en sa qualité de président de tous les Algériens. Directeur de CEM, M.Saâdaoui fera même partie des cadres de M´sila qui le recevront. En fait, la visite de Bouteflika dans cette autre citadelle du FLN ne sera pas perturbée, c´est quasi certain, mais elle ne suscite aucun engouement au sein des populations de la wilaya.