Le chef de l'Etat entamera son périple à l'est du pays par la wilaya de Jijel. Il inaugurera trois barrages et procédera dans la même région, à partir du barrage de Beni Haroun, au lancement de l'approvisionnement en eau potable de cinq wilayas, en l'occurrence Jijel, Mila, Constantine, Oum El Bouaghi et Batna. Son programme est chargé, nous dit-on, puisqu'il va superviser l'ensemble de l'opération au niveau des cinq chefs-lieux de wilaya. Il s'agit d'une population de près de quatre millions d'âmes qui est directement concernée par cet important ouvrage qui a coûté des milliards de dinars et qui, selon le ministre des Ressources en eau, va mettre fin au calvaire des régions surpeuplées. Au-delà de l'aspect protocolaire, la visite du président de la République se veut aussi un message en clair aux cercles tapis dans l'ombre qui n'ont pas cessé de diffuser les rumeurs les plus fantaisistes et les plus folles sur son état de santé. Depuis son investiture en 1999, Bouteflika va se rendre pour la quatrième fois dans la wilaya de Jijel. Le message n'a pas besoin d'être décodé: cette wilaya meurtrie est en train de «capter» l'intérêt grandissant des pouvoirs publics. Avec le retour progressif de la paix, c'est la bataille du développement durable. Tous les discours n'égaleront pas une «visite» présidentielle au pays profond. Pour convaincre l'opinion publique, Boufeflika a opté pour le pragmatisme. Que ce soit à Jijel, Mila ou Constantine, sa présence sera certainement la meilleure réponse à tous ceux qui l'ont donné gravement malade. Il fera peut-être quelques déclarations pour éclairer certaines zones d'ombre, mais l'essentiel est dans le parcours qu'il aura à mener durant le long périple de deux jours. Il faut noter que cette visite intervient au moment où quelque 1,4 million de fonctionnaires sont à l'écoute de la bipartite. L'augmentation attendue des salaires va certainement donner aux bains de foule une ambiance de fête. Avec son brio habituel, le président de la République est en mesure de désamorcer les «formules piégées» d'une rentrée sociale chaude prédite par des cercles occultes et amplifiée par la maladresse de certains responsables. En tout état de cause, cette visite n'a rien de banal, elle mettra fin à un travail de sape mené en coulisses par tous ceux dont les intérêts ont été touchés par la politique de la réconciliation nationale. Bouteflika à Jijel, c'est tout un symbole. La ville a vécu hier une ambiance bien particulière. Tout semble être fin prêt pour accueillir le chef de l'Etat.