Le pays a des capacités de réaliser des politiques de développement en faveur des jeunes. Le contexte économique actuel offre à l'Algérie l'opportunité de renforcer sa compétitivité et d'améliorer sa croissance, a affirmé à Alger le Pr Jean-Louis Reiffers. Selon cet économiste, l'Algérie est «extraordinairement» bien placée pour réussir une telle performance. Il en veut pour preuve «le taux d'inflation relativement bas, un déficit budgétaire faible, une dette extérieure pratiquement remboursée, et des plans de développement sectoriels prometteurs». Le Pr Reiffers, qui s'exprimait au cours d'une conférence sur le modèle de coopération économique dans l'espace méditerranéen, organisée par l'Inesg, a plaidé, dans ce sens, pour l'élaboration d'une stratégie d'ensemble, de la promotion de compétences nouvelles et pour une ouverture maîtrisée vers l'international. L'objectif de développement économique impliquera la satisfaction de besoins essentiels, a-t-il dit, soulignant que «cinq problèmes majeurs sont à traiter prioritairement». Il s'agit, de «l'instauration d'une démocratie réelle qui doit être, avant tout, une valeur et non pas une procédure juridique, ou une constitution», a précisé le Pr Reiffers, appelant à l'engagement d'«un véritable débat national impliquant, notamment les jeunes». Pour optimiser les politiques structurelles et engager le développement économique escompté, cet expert préconise l'émergence d'une nouvelle élite à laquelle il faut confier d'«importantes responsabilités». Afin d'augmenter la croissance économique, a-t-il poursuivi, «il est impératif de réussir le développement rural et d'arriver à une indépendance alimentaire», faisant remarquer que la première chose à prendre en compte, à ce titre, est «le respect des conditions minimales de vie». Il a souligné, à ce propos, la nécessité de «continuer à subventionner les prix des produits de première nécessité de manière intelligente». De telles initiatives n'auront de plein effet que si les dirigeants accordent «plus d'intérêt» aux jeunes pour prendre en charge leurs attentes, notamment en matière de création d'emplois permanents. «Le taux d'activité chez les jeunes, dans le Monde arabe, est le plus bas au monde et le taux de chômage chez les diplômés est le plus élevé», a-t-il regretté. Il a mis en relief, dans ce contexte, les capacités de l'Algérie à réaliser des politiques de développement en faveur des jeunes, notamment en matière de création d'entreprises, de la promotion de l'innovation et de la valorisation des scientifiques. «Il faut encourager l'économie de la connaissance et du savoir pour favoriser l'émergence des potentialités et des innovateurs. L'Algérie est le seul pays de la région à pouvoir le faire», a-t-il noté. L'économiste a insisté sur l'impératif d'améliorer la qualité de l'enseignement pour former l'élite dont a besoin le pays. L'objectif du développement économique est, en outre, conditionné, selon cet expert, par l'instauration d'un équilibre régional pour mettre fin aux disparités sociales et l'amélioration des conditions économiques des populations. La réponse aux cinq problèmes soulignés par le conférencier, doit être considérée, a-t-il estimé, comme un préalable à l'établissement de zones régionales de libre-échange. «Les négociations pour l'établissement de zones de libre-échange passent nécessairement par le règlement de ces cinq questions», a-t-il affirmé. Par ailleurs, pour stimuler la croissance économique, l'expert a plaidé pour plus d'ouverture aux échanges commerciaux, de libéralisme, d'encouragement des IDE, et de lutter contre la corruption, mettant en garde, en revanche, contre un excès d'ouverture. «Le bon mix de politiques économiques serait de trouver le juste milieu. un excès d'universalisme conduit à des catastrophes», a-t-il averti.