Abdenour Hochiche «Le cinéma qui nous intéresse est celui qui interpelle, fait débat», a déclaré hier le président de l'association Project'heurts, en prévision de la dixième édition de la manifestation qui se tiendra cette année du 9 au 15 juin. «Personne ne nous a appris à faire un festival ou une manifestation autour du cinéma, parfois on trébuche mais on se relève et on continue..» Belle philosophie des rencontres cinématographiques qui témoignent de la pugnacité, l'exigence et la persévérance dont elles ont fait l'objet depuis 10 ans maintenant. Oui et pour ces dix années, l'évènement est de taille, d'où le choix de communiquer là-dessus cette année pour prendre le train en marche et poursuivre la locomotive «Cinéma» qui, bien entendu, ne s'arrêtera pas en si bon chemin mais reprendra de plus belle pour de nouvelles aventures les années prochaines. Et pour annoncer la couleur de la cuvée 2012, le président de l'association Project'heurts, organisatrice de la manifestation, Abdenour Hochiche, était là hier, à Alger, précisément à l'antre symbolique du 7e art, à savoir la cinémathèque d'Alger pour en parler et dévoiler ses segments et nouveautés. Il était accompagné pour cela du directeur artistique installé depuis deux ans maintenant, Samir Ardjoum et de l'attaché de communication ou «homme à tout faire» et réalisateur de son état, Amine Hattou. L'association Project'heurts a reçu jusqu'à aujourd'hui près de 150 films venant des pays arabes, africains et une partie de l'Europe, dont des documentaires qui se rapprochent plus du format reportage et ont trait aux révolution arabes pour la plupart, a noté M.Samir Ardjoum. Après quatre ans, les rencontres cinématographiques de Béjaïa vont retrouver enfin le chemin de la cinémathèque qui accueillera du 9 au 15 juin, nous a-t-on précisé, entre 50 et 60 films tous genres confondues. Pour l'envoi des films dont la date butoir est fixée au 2 avril, vous pouvez le faire à l'adresse suivante: ou bien consultez le site de l'association. La soirée de clôture sera spéciale, nous apprend-on, sans trop s'étaler sur le contenu qui n'est pas encore arrêté. Mais l'oeuvre devra englober plusieurs traits artistiques. L'atelier côté court, qui consiste à revoir le scénario d'un jeune réalisateur avec un ou des encadreurs reviendra aussi incessamment et sera lancé au mois de mars. «Est-ce que le cinéma peut aujourd'hui questionner la société? C'est la question qu'on doit se poser», a formulé Samir Ardjoum quand aux choix des films sélectionnés. Pour sa part, évoquant les moyens financiers alloués à son événement, qui sont souvent aléatoires chaque année et proviennent tour à tour du ministère de la Culture, de l'ambassade de France et bien sûr de la commune de Béjaïa, Abdenour Hochiche dira que «cette manifestation se fera comme elle pourra se faire en tenant compte des subventions attribuées qui peuvent être minimes. On n'est pas un festival institutionnalisé mais le fait d'avoir tenu le coup durant ces dix ans doit interpeller ceux qui sont là pour accompagner ce genre de manifestation. Bien évidemment que cela nous chatouille qu'on soit arrivés à la dixième édition. Mais après 10, il y a 11 et il faut continuer le travail. Le bilan qu'on peut se faire est là. Quelque part, on est satisfait et le retour est satisfaisant. On continue de travailler en dépit de tous les aléas rencontrés. On évalue le regard et l'attente de l'autre..». Aussi ce n'est pas parce que des films ont été réalisés dans le cadre du cinquantième anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie qu'ils seront sélectionnés de facto. «Si l'on considère qu'ils font partie de notre ligne éditoriale on les prendra». Répondant à la question de savoir quelles seront les célébrités qui prendront part à la prochaine édition des rencontres cinématographiques de Béjaïa, Samir Ardjoum relèvera la subjectivité d'une telle appellation, soulignant que le fait d'avoir invité l'an dernier le réalisateur libanais Hassan Salhab était déjà un «phantasme qui est devenu réalité». Pour Abdenour Hochiche, il ne s'agit pas de «révolutionner le cinéma algérien mais le fait d'inviter le réalisateur à venir débattre avec les spectateurs sur son film, de faire montrer des films algériens qui sont souvent vus dans des festivals à l'étranger et peu vus chez nous est déjà le but principal de ces rencontres. Tous nos invités sont en toute modestie des invités de marque. Toute présence est justifiée par un acte cinématographique qui colle à notre identité.» Pas d'hommage prévu cette année non plus, encore moins de zoom sur un pays spécifique. L'hommage se veut être global et d'autant plus significatif car cette notion d'hommage même fera remarquer le président de l'association Project'heurts, s'apparente à la mise à mort de quelqu'un ou de quelque chose. «Nous n'avons pas la prétention d'avoir une idée arrêtée sur le cinéma mais sur ce qui doit être fait pour faire évoluer les choses. Mais ceci ne reste qu'un point de vue. Il faut montrer des films qui fassent débat, incitent à réfléchir, qui interpellent!» a t-il appuyé. Et de renchérir: «Nous ne sommes pas des rencontres régionales, maghrébines ou africaines. Notre hommage est revendicatif, autrement dit nous revendiquons une place au cinéma en Algérie. Le cinéma qui nous intéresse est celui qui interpelle!». Comprendre des films qui renvoient à la subjectivité propre d'un créateur que ce soit un film d'amour ou autre, l'essentiel est de nous émouvoir, nous toucher, nous apostropher loin de toute propagande ou tracts uniformes, mais bel et bien une oeuvre artistique qui soulève un regard et une vision du monde à même d'être discutés... le propre même des rencontres.