Des dignitaires chiites saoudiens ont stigmatisé mercredi le recours des autorités au « langage des armes » lors des troubles qui ont fait sept morts depuis novembre dans l'est du royaume, majoritairement chiite. Dans un communiqué, 41 dignitaires chiites dénoncent « le recours au langage des armes contre des manifestations pacifiques » et réclament « une enquête sérieuse sur les décès et les violences » dans la région orientale. Ils exigent aussi « la libération des prisonniers politiques » et la levée des « restrictions sur la construction de lieux de culte » pour les chiites saoudiens qui, selon eux, sont « marginalisés » et « discriminés » dans le royaume, un pays à majorité sunnite. Les signataires du communiqué expliquent les troubles qui ont agité les milieux chiites par « le sentiment de désespoir ressenti par les jeunes », avertissant que la situation risque d' «échapper à tout contrôle ». Lundi, un responsable du ministère saoudien de l'Intérieur a qualifié les récents troubles dans la province de Qatif (est) de «nouveau terrorisme » que les autorités «vont affronter comme elles l'ont fait auparavant » avec Al-Qaïda. Les animateurs de ces troubles «sont une minorité, manipulée de l'étranger », a ajouté ce responsable. Début février, deux personnes avaient été tuées dans des affrontements à Awamiya, une localité à la pointe de la contestation dans la province de Qatif, portant à sept le nombre de personnes tuées dans les troubles depuis novembre. L'est de l'Arabie saoudite, riche en pétrole et où se concentre l'essentiel des deux millions de chiites saoudiens, est secoué par des troubles sporadiques depuis mars 2011. Les manifestations avaient commencé à la mi-mars 2011 pour protester contre l'aide militaire saoudienne à la répression dans le royaume voisin de Bahreïn, où une contestation menée par des chiites était réprimée par les dirigeants sunnites. Les troubles ont pris une tournure violente à l'automne. Des affrontements début octobre entre policiers et manifestants ont fait 14 blessés à Awamiya, puis quatre personnes ont trouvé la mort dans des violences dans la région en novembre. Le 13 janvier, un manifestant avait aussi trouvé la mort lors d'affrontements avec des policiers à Awamiya. Ryad avait publié début janvier une liste de 23 Saoudiens recherchés pour leur implication dans ces troubles et accusés d'agir «pour le compte de parties étrangères », faisant allusion à l'Iran, soupçonné par les autorités d'encourager en sous-main les manifestations de chiites.