L'ONU, à laquelle les Arabes s'en remettaient, s'est avérée impuissante à statuer sur la plainte de la Syrie. L'impossibilité du Conseil de sécurité de statuer lundi sur la plainte de Damas, après l'agression dont a été victime dimanche la Syrie, de la part d'Israël, montre en réalité l'impasse, -en fait le cercle vicieux-, dans laquelle est empêtré le dossier israélo-palestinien. Cela n'est guère étonnant en vérité, du fait de l'angle sous lequel le dossier proche-oriental est abordé et qui privilégie le seul point de vue israélien, occultant totalement le droit du peuple palestinien depuis des décennies sous le joug de l'occupation israélienne. En fait, ramener le contentieux israélo-palestinien au seul facteur de la sécurité de l'Etat hébreu, comme le fait avec simplisme le président américain, George W.Bush, c'est ignorer délibérément ou à dessein les fondements du conflit proche-oriental lesquels demeurent constants depuis plus d'un demi-siècle et qui se résument au droit des Palestiniens à édifier leur Etat et en corollaire le retrait de l'armée d'occupation israélienne des territoires palestiniens. Du fait du veto, que les Etats-Unis n'ont jamais hésité à opposer aux résolutions du Conseil de sécurité, Israël a toujours fait fi des résolutions onusiennes, jusqu'ici restées lettres mortes. Comment pouvait-il en être autrement lorsque le président Bush, de surcroît l'un des parrains du processus de la «feuille de route», par ses déclarations, sur le «droit d'Israël de se défendre», à la limite de l'irresponsabilité au vu de la position qui est celle des Etats-Unis, ne fait en réalité qu'encourager l'escalade que recherche le chef du gouvernement israélien Ariel Sharon. Après l'agression contre la Syrie et sans doute encouragé par la timidité de la communauté internationale, l'impuissance de l'ONU, et surtout le soutien sans faille des Etats-Unis, Sharon pouvait parler fort et menacer, déclarant mardi: «Nous n'hésiterons pas à frapper l'ennemi en tout lieu et par tous les moyens.» Pendant ce temps, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, postillonne et met en «garde», en allusion aux déclarations du président américain, indiquant: «Israël peut entreprendre n'importe quel acte, dans le cadre (...) de son droit de se défendre, ce qui est très dangereux.» Des déclarations qui tombent à plat, en fait destinées à consommation locale car il est évident que la réalité est tout autre, lorsque pratiquement, George W.Bush, le président de la super puissance mondiale, justifie le s d'Israël quoique, du bout des lèvres, il dise ne pas les approuver. Certes, mais les Etats-Unis par leur veto les couvrent. Le Premier ministre palestinien, Ahmed Qorei, se dit lui prêt à «travailler» avec Sharon mais se heurte toutefois à l'arrogance du chef du gouvernement israélien, qui voit dans chaque Palestinien un terroriste. Ainsi, M Qorei, indiquait hier qu'il était «prêt à engager immédiatement des pourparlers avec Israël. Je crois que je pourrais travailler avec Sharon et qu'il est possible de parvenir à des changements véritables et à des résultats.» Le problème en fait est que si les Palestiniens sont prêts à travailler avec les Israéliens, ces derniers ne le sont pas du tout. A cette main tendue des Palestiniens, les Israéliens répondent par les menaces comme le faisait hier le ministre israélien des Transports, Avigdor Lieberman, qui déclarait: «Israël doit mettre fin aux violences, même au prix d'une escalade dans toute la région» Ainsi, Israël est prêt à embraser la région proche-orientale, alors même que la première violence - et les Israéliens sont parmi ceux qui en payent le prix aujourd'hui - c'est bien l'occupation des territoires palestiniens.