Dans cette tournée, le chef de l'Etat a voulu ratisser large pour s'assurer un second mandat. Le président de la République a quitté, hier en fin d'après-midi, la wilaya de Bordj Bou-Arreridj après une visite de trois jours où il a eu à inaugurer plusieurs projets d'intérêt public et à lancer autant d'autres. Outre les enveloppes budgétaires supplémentaires accordées à ces deux wilayas, il est, néanmoins, clair que le chef de l'Etat est venu dans cette région chercher des soutiens pour s'assurer un second mandat. Les moments forts de ce périple dans le plateau du Hodna et les monts Bibans auront été les multiples marques de soutien exprimées par des corporations de divers horizons. Rien que dans la wilaya de Bordj Bou-Arreridj, Bouteflika a été destinataire de plusieurs messages de soutien de la part de 7 zaouïas et de la communauté d'hommes d'affaires de ce pôle industriel en pleine expansion. Ces derniers, au même titre que le secrétaire de wilaya de l'ONM, ont explicitement demandé au chef de l'Etat de se porter candidat à sa propre succession. La zaouïa du cheikh Belissaoui, sise dans la daïra de Ras El-Oued, sans aller jusqu'à cet extrême, a néanmoins affiché sa pleine satisfaction du travail accompli par Bouteflika à la tête de la République. En fait, il ressort à travers ce périple, dans cette région du pays, la volonté du chef de l'Etat de ratisser large dans les milieux religieux traditionnels. En trois jours, il aura pris contact avec pas moins de 9 zaouïas, dont certaines sont très influentes. Une démarche qui cache très mal une ambition électorale que le cercle présidentiel tente de masquer en donnant aux visites de Bouteflika un caractère de soutien au développement local. A ce propos, les bains de foule savamment préparés par les autorités locales sont autant de signes indiquant la volonté du cercle présidentiel de jauger la popularité du chef de l'Etat. Cela a été le cas à Ras El-Oued où une parfaite organisation a permis à Bouteflika de constater par lui-même que les populations de l'Algérie profonde demeurent attachées à l'Etat. Cela dit, elles ne semblent pas dupes pour autant. A Ras El-Oued comme à Boussaâda, le Président a été accueilli aux cris de «wilaya, wilaya!» La seule fausse note du passage de Bouteflika dans la wilaya de Bordj Bou-Arreridj a été un petit incident vite étouffé. En effet, le président de l'APW, un pro-Benflis convaincu, a été interdit d'accès à un centre culturel inauguré par le chef de l'Etat. Un membre de la délégation présidentielle a tout simplement conseillé à l'élu FLN, très connu à Bordj Bou-Arreridj pour son activisme pro-Benflis, de «sourire». Contacté par nos soins, le président de l'APW a minimisé l'incident en le mettant sur le compte d'un malentendu. Mais, il a tenu à réaffirmer son attachement à la direction actuelle du FLN. «Je ne cède jamais sous la pression», nous a-t-il confié. Concernant les projets inaugurés par le président de la République, on notera un tunnel ferroviaire long de 5,2 km. Cet ouvrage est le plus important d'Afrique dans sa catégorie. Une belle réalisation à l'actif d'une entreprise indienne de travaux publics. Enfin, on apprendra également que la wilaya de Bordj Bou-Arreridj a bénéficié d'un financement complémentaire de 660 milliards de centimes.