En province, la mobilisation était également forte et le vote se déroulait sans incidents Le président sénégalais semble de son côté persuadé d'avoir une «majorité écrasante» dès le premier tour. Les Sénégalais votaient hier pour élire leur nouveau président. Après les violences meurtrières qui ont marqué la contestation de la candidature du chef de l'Etat sortant Abdoulaye Wade, et les tensions politiques dans un pays qui fait figure de modèle démocratique dans une Afrique de l'Ouest instable, le vote a finalement lieu. Quelque 5,3 millions d'électeurs sont appelés à choisir pour le premier tour entre M.Wade, 85 ans, élu en 2000 et réélu en 2007, qui brigue un nouveau mandat de 7 ans, et 13 opposants qui jugent sa candidature anti-constitutionnelle. Les bureaux de vote ont toutefois ouvert à 08H00 (locales et GMT), certains avec un peu de retard, et à Dakar, des journalistes ont pu constater une forte affluence, de nombreux électeurs étant déjà présents bien avant l'ouverture. En province, la mobilisation était également forte et le vote se déroulait sans incidents à Saint-Louis (nord) et Ziguinchor (sud). Toutefois, dans plusieurs localités du département de Bignona en Casamance, région du sud du Sénégal en proie à une rébellion indépendantiste depuis 30 ans, les bureaux n'avaient pas encore ouvert en milieu de matinée en raison de menaces de rebelles, selon des sources villageoises. Les appels de plusieurs candidats, dont le président Wade, à leurs partisans afin de «sécuriser» le vote et de protéger leurs bulletins pour éviter toute fraude, ont fait craindre des troubles. La nouvelle candidature Wade est jugée «illégale» par l'opposition, pour qui il a épuisé ses deux mandats légaux après son élection en 2000 et sa réélection en 2007. Ses partisans soulignent que des réformes de la Constitution en 2001 et 2008 lui donnent le droit de se représenter. Le collectif de jeunes «Y'en a marre», à la pointe du combat contre la nouvelle candidature du président sortant, très écouté dans les banlieues populaires dakaroises où il est né il y a plus d'un an, a appelé à voter «massivement» avec un seul mot d'ordre: «Tout sauf Wade». Le président sénégalais s'est dit de son coté persuadé d'avoir une «majorité écrasante» dès le premier tour, assurant qu'une révolte des Sénégalais contre lui n'est pas possible, dans un entretien à l'hebdomadaire français le Journal du Dimanche. Mais le chef de l'Etat béninois et président en exercice de l'UA, Thomas Boni Yayi, ont lancé samedi un appel au calme alors que le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon s'est dit «inquiet». Les violences préélectorales ont fait de 6 à 15 morts et des dizaines de blessés en un mois et des appels au calme ont été lancés tant par l'UA que par l'ONU à la veille du scrutin. L'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, chef de la mission d'observation de l'Union africaine (UA) a d'ailleurs proposé samedi d' «échapper au chaos», en limitant à deux ans le présidentiel.