idir a été la grande star d'un Worl Music Festival ouvert sur l'universel. Le festival déroule ses jours et ses nuits et c'est au tour de la pulpeuse Hanine de monter sur scène où l'on observe le retour du son cubain mêlé à des mélodies orientales, précisément libanaises. Un projet de métissage culturel dont l'instigateur est Michel Eleftériadès. Parallèlement à un rythme entraînant de salsa, la chanteuse rappelle à notre mémoire la poésie des textes mythiques de Asmahane, Farid El Atrèche, Sayed Darwich, Abdelhalim et bien d'autres...Le succès de cette fusion inattendue ne tardera pas à venir car l'album «Hanine Y son cubano» reste toute une année n° 1 au Liban. Détentrice d'une maîtrise en droit, c'est en dernière année de conservatoire où elle apprenait le chant et le oud que Hanine fut remarquée. Depuis, c'est ailleurs qu'au barreau qu'elle exerce son talent, plus précisément sur les scènes du monde entier. Et le jour tant attendu, principalement par les invités algériens, est venu. Jeudi 28 août c'est la soirée du petit père kabyle Idir. Sur les gradins de la Basilique, le climat était déjà à la fête avant même le début du concert. Une forte communauté kabyle avait fait le déplacement. Les Algériens mais surtout...des Libyens, particulièrement de la région de Zouar. Des drapeaux jaunes et verts à la main, ils ne cessaient de scander des slogans du type: «Imazighens, Imazighens!». Nous les avions pris au début pour des supporters de la JSK. Nous avons vite déchanté. Du bruit et sans arrêt du bruit qui bien évidemment a perturbé le bon déroulement du concert. Sa sensibilité exacerbée, frustré, Idir ne pouvant plus placer un mot, a enchaîné avec des morceaux plus rythmés. Inaudible, il coupera court à des propos particulièrement émouvants, pleins de poésie et d'allusions sur son pays. Fair-play, Idir la guitare en bandoulière, entonnera tout de même au grand plaisir de tous, ses plus beaux titres, des plus anciens aux plus récents. De la mythique Avava Inouva ou encore Zwits rwits aux plus récents comme Tizi Ouzou, version kabyle de San Francisco de Maxime Le Forestier et que l'on retrouve dans son 3e album Identités interprété avec le chanteur Brahim Iziri... une chanson engagée qui sera dédiée à la mémoire de Matoub Lounès. Mais ici, El-Hamid Chériet alias Idir, rend plus que tout hommage à la vie, à l'amour de son prochain, à la femme et cela dans la joie et la liesse. On danse et on tape des mains dans la fierté et l'euphorie. Nous sommes portés aux nues par ce sentiment de paix, de sérénité, de plénitude même. On laisserait bien échapper quelques larmes, portés que nous sommes par l'intense charge émotionnelle que dégage cette musique...Et quand la musique kabyle rencontre la musique bretonne, la celtique, on ne peut que féliciter cet esprit d'ouverture et d'altérité. «La musique est peut-être l'exemple unique de ce qu'aurait pu être la communication des âmes», disait Marcel Proust. Il avait sacrément raison ! Et pour répondre à l'appel de la fraternité entre l'Algérie et la Tunisie, on distribue à tout le monde des fanions aux couleurs des deux pays. Le maire de Tabarka quant à lui, offre généreusement à Idir un grand drapeau aux couleurs des deux pays frères en signe d'amitié. «Je pense que les musiques se ressemblent surtout lorsqu'elles sont traditionnelles. Tu trouves des affinités avec la musique chinoise, celle des Andes, la musique latine, la musique chleuh du Maroc...Ce sont des gammes pentatoniques que l'on retrouve souvent. L'essentiel, c'est qu'il y ait des affinités parce que cela donne la possibilité de travailler ensemble, de se rapprocher, donc de mieux se connaître. A partir du moment où on souffle sur un roseau, on sort pratiquement les mêmes notes. Après, on retransforme selon nos sensibilités différentes», explique le sage Idir.