Le siège du MSP à Alger D'un trio à un autre, le MSP semble avoir perdu la boussole. Mais pas la tête. Son jeu n'est même pas masqué. En moins de deux mois, le MSP a fait ce qu'aucun autre parti n'a fait jusque-là. Il passe d'une alliance au pouvoir à une alliance qui se voit dans le pouvoir. Le comportement du MSP prête à équivoque. Perte de repères ou calcul politique, ce parti islamiste invente une autre forme de nomadisme. Avant, ce sont les militants qui passent d'un parti à un autre. Dans le cas du MSP, c'est le parti tout entier qui passe d'un bloc à un autre. Ce parti a contracté une alliance avec le FLN et le RND en 2004 avant de signer le divorce le 1er janvier 2012. Il a paraphé une autre alliance avec les mouvements El Islah et En Nahda il y a trois jours. D'un trio à un autre, le MSP semble avoir perdu la boussole. Mais pas la tête. En opportuniste chevronné, le MSP agit en fonction des conjonctures. Il voit déjà la mouvance islamiste majoritaire à l'issue des élections législatives du 10 mai prochain. Voulant à tout prix accéder au pouvoir, il passe sans état d'âme de l'Alliance présidentielle à la coalition des islamistes. Le MSP, qui était allié avec le FLN et le RND dont les idéologies sont diamétralement opposées, profite de la conjoncture régionale pour se jeter dans les bras de son courant traditionnel: l'islamisme. Dans les deux alliances, et ça saute toujours aux yeux à la première lecture, le MSP a fait preuve d'opportunisme. Il s'est allié en 2004 avec les deux partis au pouvoir pour partager la rente. Il s'allie en 2012 avec les partis islamistes car il voit déjà ce courant dans le pouvoir. Le parti de Bouguerra Soltani a quitté l'Alliance présidentielle car il estimait que les deux autres partis au pouvoir ont sapé les réformes politiques. Or son plan était flagrant dès le départ. Cette décision où l'hypocrisie le dispute à l'hérésie, a démontré le caractère opportuniste de ce parti islamiste. Car, ce n'est pas la première fois que les deux partis au pouvoir ont «déçu» le MSP. Ce dernier demandait depuis des années la transformation de l'Alliance en un partenariat politique. Il n'a jamais eu gain de cause mais il n'a jamais quitté cette alliance. Le MSP a avancé également l'argument selon lequel l'année 2012 sera celle de la compétition et non celle de l'alliance. Un argument fallacieux puisque les mêmes rendez-vous électoraux ont eu lieu en 2007 (législatives et municipales) sans que le MSP n'avance un tel argument pour se séparer de ses deux alliés. En réalité, c'est la montée en puissance des islamistes dans les pays de l'Afrique du Nord qui a séduit le MSP qui veut rejoindre le giron naturel. Et c'est ce qu'il a fait il y a trois jours. Obnubilé par la percée des islamistes dans les pays amazighs de l'Afrique du Nord, le MSP est tenté et il est convaincu de sa victoire ce 10 mai. A l'ouverture des travaux de la session extraordinaire du conseil consultatif de son parti, ce samedi 25 février, le président du MSP, Bouguerra Soltani, a énuméré sept raisons qui donnent les islamistes vainqueurs des prochaines échéances électorales.Faut-il donc s'étonner du comportement du MSP qui jure avec les règles de l'éthique politique? Si cela porte un nom, c'est bien de l'opportunisme. En politique, comme en religion, cela s'appelle l'hypocrisie. Voila où en est la pratique politique en Algérie. Polluée, parasitée et arnaquée.Il faut, cependant, dire que ce comportement du MSP n'a pas étonné dès lors que la classe politique nationale nous a habitués à des pratiques tonitruantes. Il faut souhaiter que la mouvance démocratique apprenne à traduire sur le terrain la parole en actes.