Par cette hausse, qui ne touchera pas tout le monde de la même façon, les choix stratégiques futurs ne se passeront plus de la même manière. Sidi-Saïd avait raison de nous déclarer en exclusivité quelques heures avant l'ouverture de la tripartite que celle-ci allait revisiter et être le summum des dix autres qui l'avaient précédée. Le dixième point inscrit à l'ordre du jour, qui n'a été abordé qu'hier matin, après 24 heures de discussions non-stop, a permis de revaloriser le Snmg qui passe ainsi de 8000 à 10.000 DA. Même si le chiffre était quasiment connu de tous et n'attendait que sa confirmation, le chef du gouvernement a cherché à donner moins en ne proposant au départ que 800 dinars de plus. La hausse, qui touchera diversement les secteurs suivant leurs conventions collectives, entrera en vigueur dès janvier prochain. Le chef du gouvernement, dans une déclaration faite à la presse, a indiqué que «les répercussions financières dues à cette revalorisation sont de l'ordre de 40 milliards de dinars annuellement». Dans les coulisses de Djenane El-Mithak, où chacun a vécu une nuit blanche et agitée, beaucoup s'accordaient à dire que «cette concession sociale extrêmement importante revêt avant tout un caractère électoraliste, d'autant qu'elle interviendra en janvier, c'est-à-dire en pleine pré-campagne électorale». Sidi-Saïd, en se montrant satisfait des résultats de cette rencontre, a insisté sur le suivi rigoureux, suivant un calendrier strict, de tous les accords pris à l'issue de cette tripartite, qualifiée d'historique par beaucoup d'observateurs. L'Agence nationale de l'emploi, inscrite en premier à l'ordre du jour, a été remise sur les rails. Désormais, toutes les entreprises devront passer par elle dans le cadre de leurs embauches. Cela devrait éviter, indiquent des sources, les fraudes et les non-déclarations des travailleurs. L'agence, qui sera modernisée, et sans doute informatisée, suivant l'application du rapport du groupe de travail mis en place en 2001, ne concernerait pas les entreprises étrangères installées en Algérie. S'agissant de la médecine du travail, «une exigence sociale ainsi qu'une nécessité économique», il sera question, en substance, de mettre en place «un organisme national», mais aussi «une commission de prévention des risques professionnels». L'Ugta, qui insiste sur ce dossier, a rappelé que pas moins de 612.000 accidents du travail ont eu lieu durant les 9 années passées, avec une incidence financière sur la CNAS de près d'une centaine de milliards de dinars. Le troisième point, qui avait bloqué les débats jeudi jusqu'à une heure avancée de la soirée, concerne la mise à niveau des entreprises publiques. Le premier argentier du pays avait insisté pour dire que ce n'est pas à l'Etat de prendre en charge ce dossier alors que toutes les entreprises sont désormais autonomes. L'Unep, pour sa part, a rappelé «les difficultés qu'a traversées le secteur économique public». Idem pour pas mal d'entreprises privées, touchées de plein fouet par les pertes de change, puis par la concurrence déloyale des containers. En fin de compte, il a été retenu des «mesures d'allègement des difficultés financières pour les entreprises porteuses de perspectives de marché», une expression assez vague, qui semble avoir laissé sur leur faim les dirigeants de l'Unep. Une légère prise de bec a même eu lieu entre le syndicat et les organisations patronales, lesquelles revendiquant, sans la nommer, une totale amnistie fiscale sans rien proposer de concret en matière de création d'emplois et d' amélioration de la production nationale. Un sommet bipartite gouvernement-patronat, serait à l'étude, de même que la fameuse conférence sociale et économique, comme rapporté dans notre édition de jeudi, sera remise au goût du jour probablement avant la fin de l'année puisque le canevas a été finalisé depuis de nombreux mois. Dans le même ordre d'idées, la protection de la production nationale, mise à mal par la concurrence déloyale, nécessite des mesures d'urgence avec l'accord d'association avec l'UE que Ouyahia n'a pas manqué de souligner dans son discours d'ouverture, ajoutant que le pays s'apprêtait aussi à négocier la dernière ligne droite en direction de l'adhésion à l'OMC. Pour revenir au Snmg, il est bon de rappeler que les retraités aussi seront concernés. L'Algérie en compte 1,2 million, ce qui n'est guère négligeable. Jeudi matin, à entendre les discours d'ouverture des uns et des autres, il ne faisait pas de doute que les débats s'annonçaient sous les meilleurs auspices, même s'il reste à attendre la mise en application des accords conclus entre l'Ugta, le gouvernement et cinq organisations patronales, la Cnpa, la Cipa, le Cgea, la CAP et l'Uneo. Chaque intervenant, en des termes différents, a mis en évidence la nécessité de relancer l'économie nationale, de ne plus être tributaire des cours du pétrole et améliorer les conditions sociales de tout un chacun. Un air de déjà vu...en attendant la suite...