Quand le Snmg était à 8000DA et/ou 10.000DA, des travailleurs touchaient moins de 8000DA et sans la moindre protection sociale. On croyait, depuis l'annonce d'un Snmg à 12.000DA, que la bataille autour de la question salariale est terminée. Les syndicats autonomes, écartés des négociations tripartites, disent le contraire. Longtemps silencieux, ils accordent leurs violons et estiment à l'unanimité que la révision à la hausse du Snmg est loin d'être un coup de baguette magique en mesure de régler définitivement le casse-tête salarial. Pour Tahar Besbas, président du Comité national des libertés syndicales (Cnls), toute augmentation marque un moment important, mais «la dernière décision prise est loin de régler la question des salaires en Algérie.» Les syndicalistes autonomes ne donnaient pas cher de la peau de l'Ugta et des autorités en charge du dossier. On a beau annoncer un Snmg à 8000DA, ou encore à 10.000DA, mais des travailleurs touchaient moins de 8000DA et sans la moindre protection sociale, laissa entendre Tahar Besbas. Une faille dans l'échelle des responsabilités. La question est de savoir si cette nouvelle sentence d'un Snmg à 12.000DA prendrait les allures des précédentes décisions? L'on se souvient de la déclaration finale de Sidi-Saïd à la fin de la tripartite. «Demeure la mission la plus ardue, celle de faire appliquer les recommandations de cette tripartite.» C'est un énoncé qui n'est jamais vidé de sens. Nul n'est en mesure de prendre le risque de dire qu'aucun salarié ne touchait, depuis janvier 2004, moins de 10.000DA, la dernière révision à la hausse du Snmg. Le porte-voix des neuf organisations syndicales du Cnls, Tahar Besbas, suggère une politique cohérente et à long terme des salaires. Laquelle stratégie, d'après lui, devra s'appuyer sur des paramètres socio-économiques «au lieu de solutions partielles à court terme.» Les enseignants du supérieur ne s'emballent pas non plus. Ils s'accrochent plutôt au projet du statut particulier. «Un Snmg à 12.000DA ne règle pas la problématique salariale du corps des enseignants du supérieur, mais plutôt les salariés qui touchent 10.000DA ou moins», précise Ali Boukaroura, secrétaire général du Conseil national des enseignants du supérieur. Le Cnes a achevé son projet sur le statut particulier, remis à Rachid Harraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur, mais oublié, paraît-il, dans ses tiroirs. «Notre espoir s'accroche au statut particulier, seul en mesure de mener les professeurs universitaires au contentement salarial.» C'est, en fait, la future bataille que compte mener la Centrale syndicale. «Une Ugta qui continue sa route malgré tout», laissa entendre, lors de la tripartite, Sidi-Saïd, comme pour répondre aux critiques encaissées. No comment par rapport au pacte national économique et social. Ali Boukaroura peine à l'approuver puisque la distribution des rôles avec les syndicats autonomes n'a pas eu lieu. Le parti des travailleurs, défenseur d'un Snmg à 25.000DA, aura sans nul doute, du mal à digérer son échec. Le grand boulot commence. Si le trio de la tripartite a osé annoncer une fourchette salariale supérieure à 12.000DA, il est temps d'assumer le choix. Le défi actuel est de déterminer les modalités de mise en oeuvre des décisions prises et les engagements de chaque partie, promis et jurés dans les textes du pacte national économique et social.