En l'espèce, ce n'est plus Tabi qui allait prendre en main l'indulgence... Il n'y a pas un seul quartier de nos cités et villes où il n'y a pas de délit. C'est quotidien. Il y a des histoires à ne pas en finir. Plus nous avançons vers les rêves de notre jeunesse et les aspirations de notre peuple et plus nous assistons à une recrudescence des délits et crimes. Cette fois, à Hussein-Dey, du côté de «Côte Rouge», un jeune a commis deux graves délits. Il s'en est pris à une jeune fille qu'il a voulu agresser en la poussant violemment contre le mur avant de lui enlever le portable et s'évanouir dans la nature du côté d'El Makaria (Leveilley). C'était sans compter avec la célérité des enfants du XIVe! Il sera pris, entendu, écroué, jugé et condamné à une lourde peine. Encore une fois, force est restée à la loi sauf que certaines victimes de vols avec violence, une fois leur bien récupéré, s'effacent définitivement, s'absentent des débats et laissent seul le tribunal prendre ses responsabilités... Bahia Tabi, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Hussein-Dey (cour d'Alger), n'avait pas eu de mal à entrer dans le vif du sujet lorsqu'elle avait entamé les débats d'un dossier portant sur une agression suivie de vol, faits prévus et punis par les articles 266 et 350 du Code pénal. -«Alors, nos jeunes s'amusent à se prendre pour des Tarzan'' sur nos voies et artères?» dit-elle d'emblée,à Nouredine K. vingt ans, renvoyé du monde scolaire. Oisif, au casier plus que chargé, le détenu-ô comble du désespoir-n'est pas assisté d'un défenseur. Il était mal parti pour se tirer d'affaire. Même en l'absence de la victime, l'inculpé est dans ses petits souliers. Il sait que vers la fin février 2011, dans les parages de «Côte Rouge» (Hussein-Dey) il avait attendu que Sabrina N., dix-huit ans, descende du bus pour aller perpétrer deux forfaits. Il s'approcha d'elle, l'avait prise par le cou, poussé la tête contre le mur et exigé la remise du portable que la fille avait en main. Il s'en alla tranquillement et à ce moment, une patrouille de police vint à passer par un pur hasard. La fille s'avança de la voiture, raconta sa mésaventure et donna la description de l'agresseur voleur. «On aurait dit une lame, ses ongles plantés dans mon cou», avait-elle précisé en ajoutant que jamais elle n'oublierait sa face et son rictus teinté de menace, de mort «avait-elle ajouté, très apeurée et franchement traumatisée avant de s'évaporer jusqu'à l'interpellation de ce farouche Nouredine. Samir foufatah, le procureur est attentif... -«Je n'avais pas de couteau. Je ne l'ai pas agressée. Lorsqu'elle m'a vue, elle s'est dirigée vers moi et tendu le portable, elle l'a mis en poche pour repartir tranquillement articule, la face jaune Nouredine, qui allait avoir une idée de la plaisanterie de la juge qui n'était pas étonnée par la tenue de tels propos. «C'est ça! elle vous a fait un cadeau au nom d'Allah et puis, elle s'était vite rendue compte de sa générosité. Trêve de plaisanterie, voulez-vous?» Un long silence accompagnera la petite diatribe de la magistrate qui n'aime pas que l'on se moque du tribunal. Samir Boufatah, le procureur, lui, allait s'en tenir à la seule demande: «Deux ans d'emprisonnement ferme», avait-il balancé sans état d'âme. Prié de dire le dernier mot que la loi permet à tout inculpé, le détenu demandera pardon à Allah et réclamera l'indulgence du tribunal. En l'espèce, ce n'est plus Tabi qui allait prendre par la main l'indulgence. Au contraire, elle infligera un an d'emprisonnement ferme, histoire de rappeler au frais condamné que la justice avait le bras long, très long. Une chose est certaine: le frais condamné n'a pas eu droit à l'indulgence du tribunal. Celle du procureur? Il n'en est pas question. Il n'en sera jamais question car le ministère public a bien plus tendance à aggraver ses demandes dans la limite de la loi qu'à pleurnicher avec les «parents» du cadavre. Na!