Lorsqu'une magistrate du siège a dans les mains un dossier de menaces, d'insultes et d'injures de tout acabit, il va devoir d'abord dévisager l'inculpé. Si c'est un voyou, le juge ou la juge du jour peut ne rien ressortir. Mais si c'est un intellectuel le ou la juge peut ressentir un haut-le-cœur que personne ne peut entendre mais deviner de loin. Tabi, la présidente de Hussein Dey, a voulu passer un savon au professeur d'université mais elle a préféré le faire du regard. L'enseignant universitaire l'aura échappé belle en obtenant un verdict indulgent (deux mois de prison assortie de sursis) pour insultes et menaces publiques dans un café. Les fait remontent à la mi-juin 2009 dans le secteur de Hussein Dey dans un lieu public. - «Que s'est-il passé samedi pour que vous soyez interpellé, écroué après avoir été entendu ?», dit d'entrée Bahia Allalou Tabi, la présidente de la section correctionnelle du tribunal de Hussein Dey (cour d'Alger). Le détenu est dans un état second, soit il se morfond d'avoir eu un comportement indigne, à quelques encablures de l'établissement où il enseigne, soit d'avoir découvert tardivement que son casier judiciaire venait d'être violé non pas par la juge, elle ne le connaît pas, mais après son vil comportement qui a levé le voile sur l'autre face de l'enseignement universitaire. La présidente n'avait à aucun moment dit «professeur (ousted)». D'ailleurs, avant d'infliger la peine heureusement assortie de sursis, Allalou Tabi aura tout de même profité du flottement de l'enseignement pour lui passer un savon. - «Je regrette. Je demande pardon. Je suis désolé, peiné, outré, révolté, triste.» Tous ces mots ne sortiront jamais de la bouche de Rachid, mais plutôt de son regard. Oh, il aurait voulu s'excuser, mais pas devant la victime qui avait d'ailleurs pris son courage de ne rien demander à titre de dommage et intérêt, et de s'en remettre à la justice pour que, plus jamais, il ne recommencera.