Cette contradiction est révélatrice des profondes dissensions qui minent la mouvance islamiste. L'initiative pour l'alliance des partis islamistes s'avère être improbable ou un dessein «mort-né». Cette coalition faite sur la base étroite de tractations autour de sièges à l'Assemblée populaire nationale, porte les germes de son échec et éclatement dès le début, selon les observateurs de la scène politique. L'interdiction de se présenter aux législatives prochaines, faite par les trois partis aux auteurs de cette initiative est le premier obstacle apparu sur le chemin de cette alliance aux contours et fond encore flous. De fait, ce groupe de plusieurs membres de partis islamistes, est soupçonné de mener cette initiative pour se voir figurer ou chapeauter les listes électorales, indique-t-on. Cette contradiction est révélatrice des profondes dissensions qui minent la mouvance islamiste, en dépit de son discours unificateur de conjoncture. L'absence d'un dénominateur commun à même de cimenter cette alliance conjoncturelle est l'autre obstacle majeur. La consultation du 10 mai, qui ne bénéficie pas forcément de l'effet des révoltes arabes, est notamment caractérisée par la bataille des candidatures et positions sur les listes électorales à pourvoir. Il est «pratiquement très difficile parfois impossible de constituer des listes communes dans la perspective de la bataille des prochaines élections», indiquent même les membres de partis concernés. Il est établi que chaque formation ambitionne d'être en tête de liste dans sa région, sa wilaya ou son fief. Et, dans ce cas de figure, il faut compter avec l'aval de la base, estime-t-on. En fin de course, chaque partie prendra en considération les intérêts de son parti, avant tout autre considération. En présentant cette alliance comme la consécration d'un travail de longue haleine et fruit d'une longue réflexion, chaque parti tente de se l'approprier en guise de faire-valoir. Outre les divergences liées à l'ambition des uns et des autres, à leurs parcours et trajectoire concernant leur conception de la crise nationale, c'est essentiellement la nature des rapports qu'entretiennent certains avec les sphères du pouvoir qui désunit cette mouvance. Abdallah Djaballah, à la tête du nouveau parti Front pour la Justice et Développement (FJD), a définitivement rejeté cette initiative et exclu toute possibilité d'alliance avec ces partis. Ainsi, plus que jamais convaincus de leur victoire aux législatives, trois partis islamistes, à savoir le MSP, En Nahda et El Islah, ont décidé de se regrouper pour former une alliance et présenter des listes communes lors des élections législatives du 10 mai prochain. Bouguerra Soltani souhaite même dans ses propos «une fusion pour la création d'une seule force islamiste» pour dit-il «donner plus de chances au Printemps arabe de se concrétiser aussi en Algérie». Abdallah Djaballah a décidé de se présenter en solo au prochain scrutin et avec ses propres listes. Il a d'ailleurs, estimé que toutes ses tentatives, depuis le début de son parcours politique en 1976 pour rassembler les islamistes, se sont soldées par «un échec». L'ex-ministre de l'Industrie et transfuge du MSP, a expliqué pour sa part que «l'alliance doit se faire autour des programmes, mais non imposée par le haut ou autour des sièges à pourvoir». «Nous sommes ouverts à toutes les forces, mais à condition qu'il y ait un dénominateur commun qui nous rassemble», a-t-il déclaré en faisant allusion au MSP, coupable de trop de proximité avec les cercles du pouvoir. La défection du parti FJD et du FC de cette alliance est une preuve tangible que l'alliance islamiste ne tient pas la route. Récemment, Abdelmadjid Menasra avait laissé entendre qu'une alliance avec le MSP, un parti dont il avait constaté les «dérives dans la démarche et les pratiques», était exclue. Enfin, huit partis islamistes, dont trois récemment agréés par le ministère de l'Intérieur, participeront au scrutin législatif du 10 mai prochain.