La maison d'édition Aït Mouloud de Tizi Ouzou vient de mettre sur le marché un dictionnaire, le premier du genre, tamazight-français et français-tamazight. L'ouvrage, réalisé par un chercheur autodidacte, Brahim Ben Taleb comprend pas moins de 40 000 mots. L'originalité de ce dictionnaire bilingue est le fait qu'il permet au lecteur de trouver toutes les variantes de langues amazighes, aussi bien algériennes qu'étrangères. Il s'agit de: tachawit, tachenwit, takanarit, tamahaqt, tamazight, tamzabit, taqbaîlit, tarifit, tacelhit, taghadamest et tamaceght. On devine donc aisément les efforts qu'un tel travail de recherche a nécessité à l'auteur Brahim Ben Taleb qui a travaillé sur ce dictionnaire pratiquement durant toute sa vie. C'est un rêve de jeunesse que réalise Brahim Ben Taleb qui a milité, des années durant, pour la reconnaissance de la langue et culture amazighes, notamment durant les moments très difficiles du parti unique. L'auteur de ce dictionnaire est né le 20 janvier 1947 au village Tikichourt dans la commune de Ouacifs. Ancien élève du lycée technique de Dellys et étudiant à l'université d'Alger. Il a mené une carrière de psycho-éducateur. Actuellement, il est à la retraite. Il a fait partie des membres fondateurs de la première Ligue algérienne des droits de l'homme. Brahim Ben Taleb souligne que ce lexique de 40.000 mots est tel un olivier avec sa récolte d'olives, vieux, nutritif et résistant. «Pour preuve, ni la hache, ni le feu, ni le napalm, ni les mauvaises langues n'ont pu et n'auront eu raison de son existence parce que tout simplement, il a des racines. Des racines profondes, solides qui retiennent cette terre nourricière. Nos ancêtres l'ont planté, nous avons récolté ses fruits», ajoute l'auteur avec sa verve militante qui n'a pris aucune ride. Brahim Ben Taleb insiste qu'aujourd'hui c'est à nous qu revient la tâche pour que nos enfants et arrière-petits-enfants récoltent les produits de nos travaux. «Maintenant que l'olivier a poussé et a produit une huile de qualité, je veux dire que l'inventaire des mots amazighs est fait, il appartient aux amoureux de cette culture de prendre soin d'elle et ce, en l'utilisant quotidiennement partout et sans complexe. Il y va de nos vies», enchaîne l'auteur-militant. La réalisation de ce dictionnaire a commencé en 1964. Depuis cette année, Brahim Ben Taleb n'a pas cessé de sillonner, de questionner, de vérifier, de collationner, de confirmer ou d'infirmer pour aboutir à ce livre de cinq cents pages. Il s'agit d'un lexique utilisé dans toutes les circonstances de la vie quotidienne et professionnelle de la société amazighe, répartie à travers Tamazgha (Afrique du Nord). C'est un dictionnaire concis, accessible et destiné à tous. L'auteur avertit que ce dictionnaire est rédigé conformément aux règles d'orthographe et de grammaire apprises auprès de Mouloud Mammeri, notamment cette règle que l'auteur qualifié de règle d'or, à savoir que toute lettre de l'alphabet amazigh doit se prononcer. Des règles enrichies par l'Inalco. La conception d'un tel dictionnaire aurait été impossible sans la consultation d'un certain nombre d'ouvrages. L'auteur s'est documenté en ayant recours au Fichier périodique berbère, au Dictionnaire français-kabyle de P. Olivier (1873), à celui de P. Hugue (1902), à celui de O. Dupont (1933) et au dictionnaire de Dallet paru en 1954... Ben Taleb a aussi interrogé des vieux et des vieilles de différentes régions de Tamazgha. «La majorité de ces mots sont attestés dans tous les parlers berbères. Nous n'avons négligé aucun mot de n'importe quel parler régional, tribal ou villageois des régions berbérophones», a conclu l'auteur. Le dictionnaire est disponible au niveau des différents points de vente des éditions Aït Mouloud, situés dans la ville de Tizi Ouzou.