La 19e et prochaine Conférence annuelle de la Copeam, qui aura lieu à Marrakech du 29 mars au 1er avril 2012, s'inscrira sous le titre «Mutations dans les sociétés euro-méditerranéennes: les médias en mouvement». Et ce n'est pas un poisson d'avril puisque la conférence a été entièrement dominée et verrouillée par les Marocains. Tous les responsables marocains des institutions publiques et privées sont impliqués dans les conférences et les débats. Rien ne leur échappe. Contrairement à la conférence de Paris, les Marocains n'ont pas l'intention d'ouvrir le débat sur les conséquences du printemps arabe sur l'ouverture audiovisuelle dans le Maghreb. D'ailleurs, aucune conférence sur cette question politique, qui a bouleversé le champ audiovisuel arabe, n'est à l'ordre du jour du programme qui a été mis en ligne par les organisateurs de la Copeam. Dans le programme, les Marocains ont pris le soin (sur les conseils du véritable patron de l'audiovisuel au Maroc, André Azoulay, conseiller du roi en matière de communication et de gestion de crise et qui se présente comme le président de la Fondation Anna Lindh), de casser l'esprit d'ouverture qui a été lancé par la révolution arabe. Si la présence du ministre de la Communication du Maroc, Mustapha El Khalfi, d'Androulla Vassiliou, commissaire européenne chargée de l'Education, de la Culture, du Multilinguisme et de la Jeunesse, de Mohamed Khamlichi, secrétaire général adjoint en charge de l'information et la communication de la Ligue arabe et de Fayçal Laraichi, président-directeur général de la Snrt, est inscrite pour la façade médiatique, l'information de taille c'est l'installation du Marocain Fatallah Sijilmassi comme le nouveau secrétaire général de l'Union pour la Méditerranée (UPM). Ancien ambassadeur du Maroc auprès de la Communauté européenne à Paris, il était auparavant directeur général de l'Agence marocaine de développement des investissements. Sijilmassi devient ainsi le troisième secrétaire général de l'institution méditerranéenne depuis sa création en juillet 2008 par le président français Nicolas Sarkozy, après le Jordanien Ahmad Masa'deh, et Youssef Amrani. Cette installation coïncide ainsi avec la récupération par le Maroc de toutes les institutions méditerranéennes, après l'installation du courant islamiste en Tunisie et Egypte. Les Marocains ont pris aussi la peine d'exclure des débats des intervenants des télévisions qui ont joué un rôle prépondérant dans la révolution arabe: comme France 24, Nessma TV ou encore Al Masrya TV. Pour ce grand RDV audiovisuel méditerranéen, les Marocains ont exclu les grands responsables égyptiens, tunisiens et algériens de l'audiovisuel et seuls quelques experts sont inscrits pour donner un semblant d'ouverture d'esprit et de débat contradictoire. Dans la première session, Information et déontologie: la Charte de Séville en exemple, sera présenté par un expert algérien Badreddine Mili, écrivain et journaliste. Aucun responsable de l'Entv ou de l'audiovisuel algérien n'est inscrit dans le programme. Même si une délégation de l'Unique, à sa tête le DG de l'Entv, est officiellement invitée. [email protected]