L'ouverture passe par la création d'un Conseil supérieur. Les dernières déclarations du Premier ministre Ahmed Ouyahia sur l'ouverture audiovisuelle, ont relancé l'espoir, mais n'ont pas donné des réponses précises sur la nature et les mécanismes de l'ouverture audiovisuelle en Algérie. Le dossier de l'audiovisuel, avouons-le, a toujours été le sujet de prédilection de Ouyahia. C'est lui qui était en 1998 derrière le projet de création de la 2e chaîne de télévision publique dont le siège devait être installé à Club des pins. Ouyahia n'a jamais caché son ambition d'ouvrir le champ audiovisuel. Il a toujours exprimé sous la casquette du secrétaire général du RND, sa vision du dossier, préférant une ouverture à la marocaine plutôt qu'une privatisation à la française ou à l'italienne. Son modèle est la 2M marocaine, avec un capital privé et public. Une façon de protéger la ligne souveraine de la télévision nationale et en même temps d'encourager le capital privé pour la création. Ouyahia a été l'un des rares hommes politiques à accepter de participer aux couvertures médiatiques de BeurTV et même de Berbère TV au moment où les islamistes et les conservateurs du FLN considéraient ces chaînes comme des télévisions étrangères. Ouyahia, qui a toujours admiré la force médiatique d'Al Jazeera, dénonçait en même temps son mode de traitement de l'information. Lors d'un point de presse du RND à Zéralda, il avait même déclaré que l'Algérie, qui alimente les chaînes arabes en journalistes et techniciens, avait les moyens de créer sa propre chaîne d'information continue. Il faut dire aussi que dans le paysage politique du RND, l'audiovisuel tient une place de choix. Plusieurs anciens ou nouveaux cadres de ce parti sont issus du monde très select de l'Unique: l'ex-député du RND Azzedine Mihoubi, ancien directeur de l'information de l'Entv et ex-secrétaire d'Etat à la communication, Nouara Djaâfar, ex-journaliste de l'Entv, devenue secrétaire d'Etat, Miloud Chorfi, ancien directeur du Conseil supérieur de l'audiovisuel, Ahmed Boubrik, ancien député et ancien présentateur du JT de 20h, Zahia Benarous, présentatrice vedette sur l'Entv, actuellement sénatrice et surtout HHC, membre fondateur du RND, ancien ministre de la Communication et ex- directeur de l'Entv. HHC et Ouyahia partageaient plusieurs points de vue sur l'ouverture audiovisuelle. Ils étaient tous les deux favorables à l'ouverture au privé mais surtout favorables au renforcement de l'Entv par la création d'un puissant groupe public à l'image de France Télévisions ou de la RAI italienne. Ouyahia et HHC ne voulaient pas répéter les erreurs de la presse écrite où l'on a vu la presse privée dépasser la presse publique. Selon un proche de Ouyahia, les forces en présence doivent être égales et c'est au public d'en juger. Le Premier ministre reste conscient des enjeux du futur et de la force des médias algériens, si l'ouverture venait à être confirmée. Après le Maroc, la Tunisie, l'Egypte et bientôt la Libye, l'Algérie reste le seul pays dans la région d'Afrique du Nord à ne pas ouvrir le champ audiovisuel. Récemment, la Mauritanie avec ses 3 millions d'habitants et qui n'a pas les moyens techniques et financiers pour créer des espaces d'expression, a décidé, après 50 ans de monopole audiovisuel, de libéraliser son espace audiovisuel: cinq radios et autant de télévisions privées, d'ici 2012. Mais pour de nombreux observateurs politiques et même des proches de Ouyahia, l'ouverture audiovisuelle en Algérie passe inéluctablement par la création d'un Conseil audiovisuel, un peu à l'image du Conseil supérieur audiovisuel (CSA) français ou de la Haca marocaine (Haute autorité de la communication et de l'audiovisuel). Enfin, selon certaines indiscrétions, ce Conseil audiovisuel algérien sera lancé en 2012 avant même la 19e réunion de la Conférence permanente de l'audiovisuel méditerranéen (Copeam), prévue en mai 2012 au Maroc et durant laquelle l'Algérie devrait imposer sa touche.