A partir du 15 octobre, les chauffeurs de taxis devront respecter la nouvelle réglementation. Certains l'ont refusée. Avec la nouvelle réglementation prise par le directeur des transports, M.Bendjoudi, à l'adresse des chauffeurs de taxis (l'interdiction de jumelage et l'augmentation des tarifs), plusieurs citoyens se sont demandés à qui profite ces nouvelles mesures. Pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants de cette affaire, nous nous sommes rapprochés du secteur des transports et de ses responsables. M.Zabira Abdenour, secrétaire de la wilaya d'Alger, chargé de l'organique du transport, affilié à la corporation de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa), a indiqué que «le secteur du transport est très mal géré, nous avons plusieurs projets pour sa réforme, mais nous n'arrivons malheureusement pas à les concrétiser, faute de la désorganisation qui règne au sein du secteur», et d'ajouter: «Or, ce qui intéresse les responsables, c'est le salaire à la fin du mois.» Les taxis collectifs ont fait leur première apparition en 1997 pour coordonner et faciliter le déplacement des citoyens. Auparavant, les chauffeurs de taxis bénéficiaient de sept lignes, aujourd'hui qu'ils dépendent de la direction des transports de la wilaya d'Alger, ils sont contrôlés par le service des taxis de la Sûreté de wilaya. C'est inévitable, la nouvelle réglementation prise par le directeur du transport n'a pas laissé le citoyen indifférent. A chaque fois qu'un client monte à bord d'un taxi, ce dernier est traité de tous les noms. Mohamed B., fonctionnaire dans une entreprise publique, dont le siège se trouve à Kouba, pour lui, cette nouvelle mesure émanant de la direction des transports va à l'encontre des usagers de ce genre de transport. «C'est normal, explique-t-il, le directeur du transport ne se sent pas concerné par cette nouvelle mesure puisque lui et sa famille sont à l'abri des problèmes de transport». Karima D., quant à elle, nous dira : «Je refuse de monter dans un taximètre, mes moyens ne me le permettent pas, vive les taxis collectifs.» Cependant, il se trouve que le chauffeur de taxi qui les accompagne est lui aussi en colère. Contraint de choisir une seule ligne sans avoir droit au jumelage, il dira: «J'en ai ras-le-bol d'entendre que les chauffeurs de taxis sont à l'origine de cette nouvelle mesure, nous n'avons absolument rien à y voir. D'ici au 15 octobre, je suis contraint de choisir entre une seule ligne ou changer mon véhicule en un taximètre. Les deux solutions ne me conviennent pas. Je préfère arrêter définitivement ce métier», s'emporte-t-il. D'après M.Abdenour, chargé de l'organique des transports à la wilaya et des témoignages de certains chauffeurs de taxi, il semble qu'il n'y a pas eu de consultation préalable entre la corporation des taxis et la direction des transports, concernant la nouvelle réglementation. «La décision a été unilatérale», nous fait savoir Ammi Mouloud, un ancien chauffeur de taxi. Sur un air ironique il affirme: «Vous savez dans ce pays, les lois changent quotidiennement». A propos des nouvelles mesures prises par les pouvoirs publics, philosophe, il dira: «A chaque fois c'est pareil, dès qu' il y a une décision à prendre, le premier concerné est mis à l'écart.» Il est à signaler qu'après la grève des chauffeurs de taxis qui a eu lieu les 7 et 8 du mois courant (elle a coïncidé avec celle des commerçants), ayant pour objectif l'annulation de la nouvelle mesure prise par M.Bendjoudi, directeur des transports et le chargé de l'organique de transport à la wilaya, laissent entendre que «si jamais les revendications des chauffeurs n'aboutissent pas, la corporation de taxi organisera une réunion de conseil de wilaya où ses membres seront contraints de prendre d'autres mesures». Le ministre des Transports, M.Sellal, avait déclaré, lors de ses nombreuses sorties, que le secteur des transports sera réformé et réorganisé, assurant que toutes les lignes seront respectées. Cependant, et jusqu'à aujourd'hui, aucune mesure de réforme n'a été prise en vue de réorganiser ce secteur qui va de mal en pis. La seule nouveauté est cette nouvelle réglementation fraîchement accueillie par les premiers concernés, les chauffeurs de taxis. Notons cependant qu'il nous a été impossible, malgré notre insistance, d'avoir la point de vue de M.Bendjoudi, directeur du transport à la wilaya d'Alger.