Avec des menaces de débrayage moult fois annoncées, la nombreuse clientèle des chauffeurs de taximètres souffre de l'arbitraire et du despotisme. Le choix de l'itinéraire est, de nos jours, fixé par le seul chauffeur de taxi qui dicte sa loi et vous transporte selon sa bonne volonté. L'expression « le client est roi » est ainsi reléguée aux calendes grecques. Les familles algéroises éprouvent énormément de difficultés à dénicher « l'oiseau rare ». « Ce n'est pas sur mon chemin » ou « je ne suis plus de service », sont les subterfuges de ces chauffeurs de taxi pour éconduire les familles de leur itinéraire. D'autres chauffeurs trouvent un malin plaisir à hocher leur tête en signe de refus à l'adresse de ces familles parfois en détresse, tandis que d'autres font comme si vous n'êtes même pas là. « Les chauffeurs de taxi préfèrent les clients en solo afin d'empocher davantage d'argent, bien que la loi interdit formellement le jumelage », affirme ce client rencontré à la rue Parnet à Hussein Dey. Pour les lieux dits « hors zones », la tendance est au forfait. A la station de taxi de la place du 1er Mai, la confusion qui règne dans le secteur des transports en commun est des plus désastreuses. Avant même d'arriver à la station, les taxis collectifs sont pris d'assaut par les usagers, alors que ceux roulant au compteur préfèrent stationner de l'autre côté de la station et proposer leurs services à la « course » (coursa) aux lieu et place du trajet mesuré au taximètre. « Il me demande 300 DA pour une course à destination de Hydra », lance un jeune ahuri par cette attitude des chauffeurs de taxi à compteur, avant de signaler que certains taxis « clandestins » proposent des tarifs beaucoup moins élevés que ceux pratiqués par les taxis réglementaires. La formule « hors zone » est interprétée différemment que l'on soit derrière le volant ou sur le siège du passager : « Chez ces messieurs, la zone en question se limite uniquement au centre-ville de la capitale. C'est pour cela qu'ils occultent sciemment les communes situées à la périphérie d'Alger », nous dit un passager. Un autre rencontré au square Port Saïd affirme que pas moins de 10 chauffeurs de taxi compteur ont refusé la destination de Hydra, alors que la loi les oblige à transporter le client vers n'importe quelle destination de l'Algérois. Même cas de figure pour certains chauffeurs de taxi collectif qui profitent de la détresse des clients aux heures de pointe pour doubler le tarif d'une place fixée en principe à 20 da. C'est le cas présentement de cette dame qui a payé 40 DA le trajet Hussein Dey-place du 1er Mai, alors qu'en principe le prix d'une place est fixée à 20 da. Face à de nouvelles « règles » établies d'une manière unilatérale par les chauffeurs de taxi qui, au passage, ne cessent de se plaindre de la hausse du prix du carburant et des pièces de rechange, la direction des transports de la wilaya d'Alger assiste tel un spectateur à cette gabegie en nette progression.