Alors que se précisent les signes d'une prochaine intervention terrestre, les taliban sont de plus en plus enclins à faire le dos rond et à laisser agir les organisations d'aide humanitaire Les frappes aériennes américaines ont fait plus de 500 morts, selon les milices des taliban au pouvoir à Kaboul. Le Pentagone a reconnu, pour sa part, avoir tué des civils à plusieurs reprises, qualifiant cela de «bavures». Ainsi, entre mercredi et jeudi, des dizaines de civils auraient trouvé la mort en Afghanistan: 70 civils afghans ont été tués lors de bombardements américains sur Kaboul, Kandahar et Jalalabad. Et au moins six autres civils, dont des femmes et des enfants, ont péri jeudi lorsque des bombes américaines ont touché plusieurs zones résidentielles de la capitale afghane. Mais les raids de l'aviation US ont surtout poussé des milliers d'Afghans à fuir vers le Pakistan. Ainsi, quelque 3.500 réfugiés afghans, en proie à la panique, ont traversé, hier, la frontière pakistanaise au poste frontière de Chaman près de Quetta (ouest du Pakistan), fuyant les bombardements américains. «Chaman est remplie d'Afghans en proie à la panique qui ont fui Kandahar et de très violents bombardements la nuit dernière», a affirmé une porte-parole du Haut-Commissariat aux réfugiés de l'ONU à Quetta, Fatouma Kaba. Elle a précisé que 2.000 de ces réfugiés étaient restés à Chaman après avoir été séparés de leurs proches durant leur fuite pendant la nuit, depuis Kandahar. Chaman, qui se trouve à environ 100 km au nord-ouest de Quetta, est sur la route qui mène à Kandahar, fief des taliban dans le sud-est de l'Afghanistan, soumis à d'intenses pilonnages depuis le 7 octobre. Cette porte-parole a indiqué que l'ONU allait s'adresser au Pakistan pour lui demander la permission de fournir des vivres et de l'aide à ces réfugiés. Auparavant, les autorités des taliban de la ville de Kandahar ont indiqué qu'elles n'étaient pas en mesure de garantir la sécurité des humanitaires, à la suite d'incidents entre des hommes armés non afghans et la police des taliban. Dans un communiqué publié à Genève, le bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU confirme divers incidents à Kandahar au cours desquels des «hommes armés non afghans» ont attaqué des agences humanitaires. L'Ocha rapporte également des informations faisant état d'hommes armés non afghans se déplaçant dans des zones résidentielles de Kandahar et se livrant au pillage de boutiques et de propriétés privées non occupées. L'organisation de défense des droits de l'Homme, Human Rights watch relève diverses attaques ces derniers jours contre des employés et des locaux d'organisations de secours opérant en Afghanistan dans les territoires contrôlés par les taliban et appelle «toutes les forces militaires en Afghanistan à assurer la sécurité des représentants et des biens des actions humanitaires». Ceci au moment où George W.Bush rejette toute pause dans les raids aériens en Afghanistan pour faciliter l'acheminement de convois transportant une aide humanitaire aux Afghans. «Nous continuerons nos opérations militaires de manière à ne pas compromettre les fournitures de secours alimentaire. Et nous continuerons à parachuter des vivres parallèlement à nos opérations militaires», a déclaré le président américain à la presse lors d'une rencontre avec le chef d'Etat sud-coréen Kim Dae-Jung à Shangaï. Bush a accusé le régime taliban d'être l'affameur du peuple afghan. «C'est lui qui refuse de permettre une distribution efficace de l'aide.» Six agences caritatives avaient appelé à une pause des raids: Oxfam International, Islamic Relief, Christian Aid, Cafod, Tear Fund et Action Aid. «Il est évident que nous ne pouvons plus opérer en sécurité raisonnable pour fournir des secours alimentaires à ceux qui sont affamés», avait déclaré la directrice d'Oxfam, Barbara Stocking. Les Nations unies estiment que 50.000 tonnes de vivres devraient parvenir en Afghanistan d'ici au mois prochain pour empêcher une famine cet hiver. Le mois dernier, seules 10.000 tonnes de vivres ont pu être distribuées.