La mémoire de la guerre d'indépendance nationale a été portée lundi à la connaissance de collégiens et lycéens parisiens à travers une sortie en métro organisée par la Maire de Montreuil en partenariat avec le Forum France Algérie, à l'occasion du cinquantenaire des Accords d'Evian et de la proclamation du cessez-le-feu, le 19 mars 1962. Baptisée «Un métro pour la mémoire », cette visite guidée de la Porte de Montreuil au Pont de Sèvres et retour sur la Mairie de Montreuil, vise à traverser toute l'histoire de la guerre d'Algérie à travers la vision parisienne des principales étapes qui ont jalonné le combat dans l'Hexagone pour l'indépendance de l'Algérie. De la station Charonne où une répression policière avait fait le 8 février 1962 neuf morts lors dune marche appelant à l'arrêt des exactions de l'OAS en Algérie et pour l'indépendance du pays, à celle de l'Opéra où des centaines d'Algériens venus manifester contre le couvre-feu discriminatoire imposée par le préfet Maurice Papon ont été massacrés le 17 octobre 1967, des éclairages ont été apportés par des historiens et des professeurs d'histoire aux jeunes adolescents. Selon l'historien Tramor Quemeneur, l'histoire de la guerre d'Algérie est «succinctement » traitée dans l'école française. « L'enseignement de l'Histoire en Terminale s'est devenu optionnel, donc un nombre d'heures limité, avec deux heures seulement consacrées à la décolonisation, ce qui est très courtvet la guerre d'Algérie n'en récolte, au mieux, qu'une séance », a-t-il indiqué. Pour l'historien Gilles Manceron, la guerre d'Algérie a eu des conséquences dans la région parisienne elle-même et cette sortie avec des lycéens de la banlieue Est à Montreuil permet d'évoquer et d'expliquer en quoi l'immigration algérienne a été impliquée dans cette guerre, et victime d'une répression qui a culminé en octobre 1961. «Il s'agissait aussi d'expliquer comment, à la fin de la guerre, l'opinion parisienne a basculé dans le sens de la demande de la fin du conflit et de la conclusion d'une paix pour l'indépendance de l'Algérie », a-t-il ajouté. Lors dune cérémonie organisée en l'honneur des initiateurs de cette sortie pédagogique, la Maire de Montreuil, Dominique Voynet, s'est félicitée de cet « évènement exceptionnel » tant pour la RATP que pour sa collectivité. «Le propos aujourd'hui est de revenir sur des évènements historiques avec l'exigence intellectuelle et la bonne foi nécessaire pour admettre qu'il y a eu des choses inacceptables (à.) et qu'on y arriverait pas en les occultant », a-t-elle ajouté. La maire d'écologie Les Verts a, à cette occasion, fait part de sa suggestion d'organiser, en 2013, une délégation au sein des anciens combattants et de jeunes de Montreuil pour aller en Algérie et y rencontrer des personnes ayant vécu ces évènements dans l'autre camp. « Il s'agit d'initier des gestes permettant de construire ensemble un dialogue démocratique et humain nourri entre les deux rives de la Méditerranée », a-t-elle conclu.