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Pour l'histoire...
MEMOIRES DU DERNIER CHEF HISTORIQUE DES AURÈS (1929-1962) DE TAHAR ZBIRI
Publié dans L'Expression le 21 - 03 - 2012

L'Histoire n'est pas inerte, à preuve tous ces événements significatifs qui émergent, qui ne sont pas dans la mémoire de tous et que beaucoup hélas! se permettent de n'en rien dire.
D'une certaine façon, l'important n'est pas de dire l'Histoire, l'Histoire, de nature, s'en charge excellemment par son caractère tout à fait spécial, car elle est toujours en veille; l'important est alors que les justes et perspicaces historiens en établissent des références saintes pour tous ceux qui vivent et la réclament. Et bien sûr, ce n'est pas si facile, ce n'est pas si rassurant, ce n'est pas toute la vérité qui sera révélée, si l'on met son habileté, son imagination, ses intérêts dans une telle entreprise qui risque de produire seulement des anecdotes.
Cependant, je suis bien aise de lire, par exemple, les ouvrages de ceux qui mettent en lumière le récit de leur propre vie dans un contexte historique authentique, du moins ce qui pourrait servir de «matériaux» pour l'Histoire, soit donc leurs «Mémoires», car, sans lesquels - il faut en souhaiter une multitude -, comment les historiens - et surtout les nôtres - écriraient-ils notre Histoire? Je pense ici, entre autres, aux Mémoires du dernier chef historique des Aurès (1929-1962) (*) de Tahar Zbiri. Je veux dire que les acteurs et les témoins de tout événement racontent à leur manière, en toute conscience, leur vécu! C'est alors que, plus que le lecteur curieux ou sympathisant, l'historien éclaire le contexte historique et humain de «l'événement».
L'historien ne nous enseigne pas l'histoire, il nous renvoie aux fondements de l'histoire. L'histoire n'est pas le récit simple d'une vie ou d'une action, c'est l'exploitation et l'explication de ce qui est le plus caché dans tel récit et c'est ce qui rassure le mieux l'esprit, le met en voie, l'enthousiasme ou le déçoit à propos d'un point d'histoire: la vérité, amère ou douce, reste vérité éclatante, quelle que soit sa position dans l'échelle des mesures. Ainsi que le déclarait Lucien Febvre, en 1919, «L'histoire qui sert, c'est une histoire serve», dénonçant en même temps une certaine «inutilité» de l'histoire et «les tentatives d'instrumentalisation dans un contexte qui évidemment pouvait s'y prêter». Voilà pourquoi, je trouve de l'intérêt au travail de mémoire que le colonel Tahar Zbiri s'est imposé comme «un devoir moral», et particulièrement quand il affirme: «Pour corriger quelques erreurs commises par les auteurs et historiens qui ont écrit sur la révolution armée et cité quelques faits ou événements auxquels il a pris part ou en a été témoin.»
Qu'en est-il au juste? Dans son introduction, le colonel Tahar Zbiri, né le 4 avril 1929, au douar Oum El Adhaïm, de la wilaya de Souk-Ahras, ancien chef de l'état-major de l'Armée Nationale Populaire, en 1963, et se considérant comme «dernier chef historique des Aurès (1929-1962)», déclare dès les premières lignes: «Ces mémoires ne relatent pas uniquement mon histoire, mais aussi celle d'un peuple et d'une nation. [...] Cette grande révolution a coûté à l'Algérie un million et demi de martyrs. [...] J'avais pensé écrire mes Mémoires juste après l'indépendance en me faisant aider par un écrivain professionnel, mais les difficultés qui ont émaillé cette période m'ont incité à prendre du recul pour me consacrer à la tâche d'unification du pays et à en «recoller les morceaux» afin que le sang des martyrs n'ait pas coulé en vain. Ce qui a conforté ma conviction de reporter l'écriture de mes Mémoires, c'est aussi le fait que des personnalités historiques étaient encore en vie. J'ai donc voulu éviter de mettre certaines personnes dans l'embarras.»
Soulignant également l'importance de la responsabilité de livrer au lecteur «les pénibles conditions de la lutte» de la Révolution algérienne, il n'hésite pas à écrire: «Cependant, si malgré tous les efforts fournis pour prouver la véracité des informations contenues dans cet ouvrage [...], le lecteur relève quelques erreurs, je le prie d'être indulgent car j'y ai relaté ce que j'ai vécu, ce que j'ai entendu et ce que j'ai ressenti pendant cette révolution. Vous y trouverez des impressions et des opinions personnelles, qui ne peuvent se prétendre au niveau d'une étude historique qui obéit à des normes précises. L'écriture de l'Histoire a ses spécialistes. [...] Mon espoir est que cette génération mesure les énormes sacrifices consentis pour l'indépendance de notre patrie et pour la libérer de l'oppression.» Pour satisfaire ce désir irrésistible et légitime, Tahar Zbiri, aidé par le journaliste Mustapha Dalaâ dans une première édition en arabe (2006), et aujourd'hui traduite en français par Mohamed Maâradji, revue et corrigée par Nabila Zbiri, s'est livré en quatorze chapitres, complétés par des annexes comprenant son point de vue intitulé «Le colonel a parlé» au sujet de la publication de son ouvrage, des interviews accordées à la revue Novembre et au journal El Yaoum, des photos, des lettres d'archives et des cartes.
Le soin à faire connaître ces Mémoires du dernier chef historique des Aurès (1929-1962) concourt à la clarification des faits et gestes de Tahar Zbiri, ce révolutionnaire résolu, précocement préparé à la lutte contre le colonialisme. Le récit est alerte, émouvant et toujours révélateur d'un caractère prompt à ne rien négliger de ce qui exige du courage et du sacrifice. La tempérance semble parfois rare chez ce moudjahid qui a subi, à l'image de ses compatriotes, la misère et les frustrations du système colonial. Ce point de vue, toujours d'une grande dignité même dans les pires situations de combats militaires ou de révoltes politiques, transparaît dans tous les chapitres, notamment dans «À la recherche d'une patrie», «L'aube de la Révolution», «Les nuits en prison», «L'évasion» (de la prison de Koudiat), «La mort en chahid de Mostefa Ben Boulaïd», «Les Aurès n'assistent pas au congrès de la Soummam», «Héroïsme et batailles dans la base de l'Est», «Coup d'Etat des colonels», «Mission impossible», «Le dernier chef des Aurès», «La victoire perdue».
On retrouvera dans l'ouvrage le récit et les conclusions de l'auteur au sujet de la période qui suit immédiatement la proclamation de l'indépendance de l'Algérie. L'auteur fait tomber trop tôt «le rideau sur le premier chapitre de la lutte pour le pouvoir dans l'Algérie indépendante», l'historien, que je ne suis pas, pourrait poser une série de questions pour apprendre plus sur cette période caractérisée par «la course au pouvoir»... On sait qu'en 1963, Tahar Zbiri sera chef de l'état-major de l'ANP, que le 19 juin 1965, il participera au «redressement révolutionnaire» mené par Houari Boumediene contre Ahmed Ben Bella et sera membre du Conseil de la Révolution, qu'en décembre 1967, il se soulèvera contre le président Houari Boumediene l'obligeant à céder une partie de ses prérogatives au profit du Conseil de la Révolution.
En attendant la suite de ces «Mémoires» et d'autres «Mémoires» et documents historiques, voilà donc encore des données, ajoutées à celles déjà connues, accessibles, à examiner, à analyser et à affiner par nos historiens... pour une écriture saine de l'Histoire de la lutte de Libération nationale. Voyons ce que l'on fait ailleurs des anniversaires des différentes étapes de notre glorieuse lutte de Libération nationale et, spécialement, en ce jour de commémoration du 19 mars 1962 qui fait découvrir à nos jeunes les superbes héros nationalistes algériens de cette épopée annonçant la victoire de la justice du peuple sur l'oppression du colonialisme. N'est-il pas temps de dépasser nos sensibilités divergentes et surtout notre handicapant esprit d'autocensure et de retenue constituant autant de supplices stupides par une sorte de flagellation intellectuelle et rattachés à «la critique d'érudition»? N'est-il pas temps d'avancer hardiment dans l'écriture, certes fort complexe, de notre Histoire afin que la génération actuelle et les suivantes en sachent clairement les valeurs probantes? Qui dira sinon nous-mêmes que notre Histoire, en dépit de tous les retards provoqués par nos tergiversations, porte en elle ce que l'Humanité exige de lois morales pour vivre dans le respect de la personne humaine? L'histoire, la grande Histoire, n'a pas de compassion pour les fauteurs.
(*) Mémoires du dernier chef historique des Aurès (1929-1962) de Tahar Zbiri, (Ouvrage relié en carton) Editions ANEP, Alger, 2010, 366 pages.


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