«Les juifs dirigent le monde par procuration. Ils poussent les autres à se battre et à mourir pour eux.» Le sommet de l'OCI qui s'est ouvert jeudi dernier est le premier rendez-vous des chefs d'Etat islamiques après les attentats de New York. C'est également la première fois que les musulmans se réunissent alors que la région du Moyen-Orient vit une crise sans précédent, avec l'occupation de l'Irak et la très grave détérioration de la situation politico-sécuritaire en Palestine. Ce sont, en fait, là, les principaux sujets de préoccupation des dirigeants de l'Organisation de la conférence islamique qui ont tenté, hier, de faire la part des choses entre le terrorisme intégriste et la lutte du peuple palestinien pour le recouvrement de sa liberté. La majorité des intervenants a souligné cet état de fait et a appelé à oeuvrer pour la convergence des efforts aux fins de relever le défi auquel fait actuellement face la nation musulmane. L'une des communications les plus virulentes a été celle du Premier ministre du pays hôte, Mohamed Mahathir. «Les juifs dirigent le monde par procuration. Ils poussent les autres à se battre et à mourir pour eux», a-t-il lancé. «Nous sommes déshonorés, notre religion dénigrée, nos lieux saints profanés, nos pays occupés, notre peuple tué», a souligné M.Mahathir. Il a, par ailleurs, insister sur les «nouveaux défis politiques et économiques» que les musulmans doivent relever, «à travers une analyse sans complaisance de nos attitudes, comportements et politiques». Sous le thème « La problématique ou le défi de la modernisation du monde islamique», le sommet de Putrajaya, capitale administrative de la Malaisie, se voulait un souffle nouveau pour un monde musulman en pleine déconfiture, face à l'attitude hautaine des Occiden-taux. Exception faite peut-être du président russe Vladimir Poutine, présent au sommet en tant qu'observateur. Pour ce qui est de la Russie en butte à un problème en Tchétchénie, Poutine a assuré que la cohésion religieuse dans son pays est effective. Le président Bouteflika, de son côté, a axé son intervention sur la nécessité de faire barrage aux stratégies «élaborées dans les milieux hostiles à la pluralité culturelle, aux valeurs et à la diversité civilisationnelle». Mais, il est tout aussi important, a souligné le chef de l'Etat, d'éradiquer les fléaux sociaux, telle «la pauvreté qui touche les sociétés islamiques, et qui ne peut être gagnée sans la réalisation du développement». Pour ce faire, le chef de l'Etat préconise la concertation et la coordination des positions sur tout ce qui touche les intérêts supérieurs du monde musulman. En fait, les observateurs ont noté chez les dirigeants islamiques une réelle volonté de sortir du cercle vicieux pour prendre sérieusement leur avenir en main. Seulement, nombreux sont ceux qui demeurent sceptiques quant à la formulation de cette volonté en actes concrets. En d'autres termes, le sommet de l'OCI est en quelque sorte celui de la prise de conscience.