Six ans de prison ferme ont été requis vendredi à l'encontre du physicien franco-algérien Adlène Hicheur, soupçonné d'avoir envisagé des attentats en France et incarcéré en détention provisoire depuis deux ans et demi. Le cœur de l'accusation repose sur des messages électroniques échangés entre le jeune chercheur détaché au Centre européen de recherche nucléaire (Cern) de Genève et un responsable supposé d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Mustapha Debchi. Dans l'un d'eux, Hicheur évoquait une cible militaire près d'Annecy, non loin de la frontière suisse. « La stratégie de défense (...) est de faire d'Adlène Hicheur un martyr de la lutte antiterroriste », a résumé le procureur Guillaume Portenseigne, mais « je n'ai vu aucun bouc-émissaire de la lutte antiterroriste, aucun complot pour abattre Adlène Hicheur ». Docteur en physique des particules détaché au Cern, Adlène Hicheur avait été interpellé en octobre 2009. Les enquêteurs le soupçonnaient d'envisager des attentats en France, après avoir intercepté une série de messages électroniques qu'il avait échangés avec un membre supposé d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Mustapha Debchi. Une semaine après l'épilogue des tueries de Toulouse et Montauban (sud-ouest de la France) commises par Mohamed Merah, le procureur a refusé tout amalgame et appelé le tribunal à «mettre de côté le dossier Merah». Le représentant du ministère public a ensuite engagé le tribunal à «se départir de ses préjugés: qu'un homme brillant ne saurait tomber dans les bras du terrorisme ». Car, a-t-il poursuivi, «l'histoire d'Adlène Hicheur se confond avec celle de l'obscurantisme religieux ». « L'intelligence et la mesure ne sont pas forcément les deux faces d'une même pièce... », a-t-il souligné. Jeudi, Adlène Hicheur s'était défendu d'avoir envisagé des attentats contre la France, et avait dénoncé la «malhonnêteté» de l'enquête ayant mené à son arrestation. «Je comprends que certains des passages aient pu gêner ou inquiéter», avait-il dit, mais «il n'y avait rien derrière».