La justice permettra de démêler les fils de ce scandale qui a mis à nu les failles du système bancaire. Les protagonistes de ce qu'il a été convenu d'appeler à Oran le scandale de la BCIA comparaîtront aujourd'hui au tribunal de Seddikia. Au nombre de 61, les prévenus, tous en liberté, devront répondre de plusieurs griefs, entre autres, infractions à la législation bancaire et au code de la monnaie, fraude, faux et usage de faux et transferts illégaux de fonds vers l'étranger. Le scandale qui avait éclaté au mois de juin dernier avait mis à nu les tares du système bancaire algérien qui subissait encore les soubresauts de l'affaire d'El Khalifa Bank. L'enquête avait permis de découvrir que des individus avaient profité de certaines failles dans le système bancaire pour bénéficier de traites avalisées par la BEA et tirées par la BCIA. Des importateurs ayant pignon sur rue, aidés par un solide réseau de connaissances, se sont constitués de véritables fortunes. Le gérant d'une Sarl, cousin d'un haut responsable de l'Etat, sur la base de dossiers «de complaisance», a décroché plusieurs crédits sous forme de traites avalisées. Ce dernier bénéficiant du silence complice de ses protecteurs n'avait même pas fourni de garanties pouvant couvrir la banque en cas de coup dur. Un autre profitera, lui aussi, de la situation en parvenant à se faire délivrer un carnet de chèques d'une entreprise avec laquelle il était en rupture de ban. Ce dernier cité dans cette affaire n'avait pas hésité à menacer l'avocat de l'entreprise qui l'employait. Curieusement, alors qu'il faisait l'objet d'un mandat d'amener, il continuait de circuler librement et de vivre dans un hôtel à Oran. Plusieurs personnalités connues dans la ville d'Oran seront entendues par la justice et le scandale pourrait éclabousser beaucoup de monde tant des individus de tout acabit ont profité de la poule aux oeufs d'or, profitant de leurs relations familiales et de leurs accointances avec les cercles des finances et de la décision. On parle même d'un des associés qui aurait transféré illégalement vers l'étranger, d'importantes sommes d'argent qu'il aurait investies dans l'immobilier et la finance. On dit même qu'il serait propriétaire d'une banque en France qui aurait servi de moyen pour blanchir de l'argent sale. D'autres sources évoquent l'éventualité d'une action de la justice algérienne auprès des autorités françaises pour tenter de saisir les biens indûment acquis comme plusieurs appartements de luxe situés sur des boulevards huppés ou encore des hôtels acquis sur la Côte d'Azur. En se saisissant du dossier, la justice permettra de démêler les fils de ce scandale qui est venu mettre à nu les failles de notre système bancaire et monétaire. Des individus ont profité de cette situation pour acquérir des prêts sans même fournir de garanties, et là où le bat blesse, c'est quand on sait que des projets viables et générateurs d'emplois ont été abandonnés faute justement de crédits bancaires accordés généreusement dans l'opacité et loin des regards. Nous reviendrons avec plus de détails sur cette affaire dans nos prochaines éditions.