Les nouvelles mesures arriveront-elles à juguler la plaie du sous-emploi et du désespoir des jeunes? De nouveaux mécanismes d'appui à la création d'emplois et à l'investissement viendront s'ajouter bientôt aux dispositifs déjà existants pour renforcer l'action des pouvoirs publics en matière de création d'emplois et de lutte contre le chômage. C'est ce que vient d'annoncer le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à la faveur de l'ouverture, hier, au Palais des Nations des travaux des assises nationales sur le nouveau dispositif de soutien à l'emploi des jeunes, organisées par l'Ansej. Dans une allocution prononcée à cette occasion, le chef de l'Etat a détaillé ces mesures, rappelé les structures déjà créées par le passé et commenté leurs insuffisances ou leur inefficacité. D'après lui, l'Etat mobilisera pas moins de 21 milliards de dinars durant l'année 2004 pour poursuivre la lutte contre le chômage, soit 17 % de plus par rapport à l'année en cours. «L'insertion de jeunes diplômés universitaires et techniciens supérieurs doit constituer une préoccupation centrale», a souligné le Président en rappelant que des conseils interministériels se sont tenus en juillet dernier pour évaluer et approfondir la réflexion sur le dispositif des contrats de pré-emploi. Dans ce cadre, il a annoncé la mise en place imminente d'un mécanisme de soutien à la création d'emplois pour les demandeurs de plus de 35 ans lequel sera rattaché à la Cnac (caisse de chômage) et offrira des avantages fiscaux, un crédit bonifié ainsi qu'une assistance technique aux demandeurs. Bouteflika a également annoncé le lancement avant le mois de décembre d'un programme national de réalisation, chaque année, d'une centaine de locaux dans chaque commune. Ces locaux seront destinés à être mis à la disposition des demandeurs d'emplois, notamment des plus jeunes d'entre eux. A cette fin, il aurait instruit les autorités locales à appuyer les institutions spécialisées chargées de l'aide à la création d'emplois «en allégeant les procédures, en facilitant la communication et en faisant connaître leurs objectifs». Plaidant pour une large concertation entre tous les acteurs économiques pour faire reculer le chômage dans le pays - dont le taux avoisinait à en croire le ministre des Finances lors de sa dernière conférence de presse, le chiffre de 27 % en 2002 - le président de la République a espéré que ces assises débouchent sur ce qu'il a appelé «un pacte national qui permettera un renforcement de l'action de chacun et évitera les déperditions d'énergie qui nuisent à tous». Néanmoins, conscient des lourdeurs administratives, voire bureaucratiques et des résistances des forces d'inertie aux réformes, Bouteflika n'a pas manqué d'égratigner dans son discours les responsables bancaires et financiers du pays. Pour lui, «la communauté bancaire a une part importante à prendre dans les changements nationaux en cours», cela d'autant, a-t-il martelé, que l'une des règles de l'économie de marché «est fondée sur la promotion de l'investissement par le crédit bancaire». Or, comme l'a relevé le chef de l'Etat, «la réforme du système financier a encore des étapes à franchir et le gouvernement doit veiller à en accélérer la mise en oeuvre», surtout qu'il faudra trouver des «réponses immédiates aux questions qui se posent aux citoyens». Enfin, comme pour anticiper sur les possibles interprétations politiciennes de ses potentiels détracteurs quant aux relents électoralistes de ces mesures pour la jeunesse qui surviennent à la fin d'un mandat présidentiel de 5 ans, le président Bouteflika a d'ores et déjà exprimé ses regrets sur le fait que «l'intérêt de certains milieux intéressés se soit focalisé sur la prochaine échéance électorale qui demeure pourtant encore lointaine». Autrement dit, les programmes politiques et économiques avec des «initiatives nouvelles» et concrètes doivent primer sur les ambitions personnelles des hommes politiques. Dans la réalité nationale d'aujourd'hui, ce n'est pas encore le cas.