«Nous sommes même très avancés dans ce sens.» Lorsqu'on évoque la situation en Algérie et le rôle joué par son pays dans l'aggravation de la situation sécuritaire en Algérie, l'ambassadeur de la Grande-Bretagne en poste à Alger, Graham Hand, fait le mea-culpa de son gouvernement et reconnaît que les Anglais n'ont pas saisi en son temps «la situation algérienne et les ramifications du terrorisme mondial». Il affirme que «ce sont les évènements du 11 septembre qui ont changé notre perception du phénomène». Cela dit, le représentant de la Couronne britannique à Alger, signale que son pays est très actif dans la lutte contre les réseaux terroristes installés sur son sol. «De nombreuses arrestations ont été effectuées dans la nébuleuse terroriste et des réseaux de financement ont été démantelés», insiste-t-il, histoire de montrer la preuve d'une prise de conscience définitive de son gouvernement par rapport au phénomène qui touche l'Algérie de plein fouet depuis plus d'une décennie. «Comme beaucoup de pays occidentaux, l'Angleterre a supposé que l'Algérie était confrontée à une guerre civile. Je pense que les experts qui s'occupent du terrorisme en Angleterre ont effectivement compris ce qui se passait en Algérie, mais n'ont pu convaincre l'opinion publique et surtout la classe politique britannique», relève M.Graham Hand. Il a donc fallu que des Occidentaux meurent en grand nombre pour que le royaume britannique prenne conscience de la nature de la crise algérienne. C'est en gros «ce qui s'est passé», relève-t-il et il n'omet pas de préciser que «beaucoup de Britanniques sont morts dans les attentats du 11 septembre». En fait, le phénomène de l'intégrisme islamiste n'était pas bien compris hors des cercles spécialisés. «On a pris conscience que l'Algérie a lutté contre ce phénomène avant que le terme «guerre contre le terrorisme n'existe sur la scène internationale». Depuis la prise de conscience de la Grande-Bretagne de l'étendue du phénomène, l'ambassadeur se félicite de «l'étroite collaboration qui existe entre les services de renseignements algériens et anglais». Mieux encore, M.Graham informe que «l'Angleterre est prête à fournir des armes à l'armée algérienne», pour lui permettre d'être plus efficace sur le terrain de la lutte anti-terroriste. «Nous sommes même très avancés dans ce sens. Je ne peux naturellement pas donner de détails, pour des raisons que tout le monde comprendra. Il s'agit en fait de ne pas permettre aux terroristes d'être informés sur la nature de ces équipements. C'est la loi de la guerre contre le terrorisme», dira-t-il. C'est donc sur un terrain concret que les deux nations collaborent en ce qui concerne la guerre contre le terrorisme mondial et notamment les groupes qui activent en Algérie. Cependant, il demeure néanmoins certaines pratiques des autorités anglaises vis-à-vis de ce phénomène sur son sol. A ce propos, il reconnaît une certaine attitude des autorités à mettre le paquet lorsqu'il s'agit de sécurité du territoire, sans que cela soit systématique en ce qui concerne une menace sur l'Algérie préparée en Angleterre. Il insiste en revanche que cet état de fait est en train petit à petit, de changer. «Nous travaillons sans cesse avec les autorités algériennes pour arriver à neutraliser des terroristes» qui agissent contre l'Algérie à travers le territoire anglais. Pour justifier les lenteurs dans la prise en charge réelle du danger qui pèse sur l'Algérie à partir de son pays, l'ambassadeur évoque les traditions de liberté d'expression en Grande-Bretagne. «Si l'Angleterre est devenues malheureusement la capitale du terrorisme, c'est le résultat de notre attitude vis-à-vis des libertés individuelles, dont les terroristes ont abusé.» A ce constat réaliste, l'ambassadeur ajoute la nature même du système judiciaire britannique «qui est basé sur l'autorité indépendante du juge». Aussi, insiste-il, «il arrive que le juge ne comprenant pas la gravité d'une situation, ne veuille pas arrêter des individus pour leur prosélytisme, même si cette activité poursuit un objectif de renforcer le terrorisme en Algérie.» Mais, promet, M.Graham, cet état de fait est en train d'évoluer dans le bon sens. La prise de conscience des juges aura lieu, espérons-le, un jour.