Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a appelé dimanche la communauté internationale à agir vite, car «tous les ingrédients sont là pour faire du Mali un Afghanistan », dans un entretien avec des médias français. «Si la communauté internationale n'agit pas vite (...), tous les ingrédients sont là pour faire du Mali un Afghanistan », a déclaré Mohamed Ould Abdel Aziz, interrogé par des journalistes de Radio France Internationale, TV5Monde et Le Monde. Dimanche, un émissaire malien est venu à Nouakchott demander l'aide de la Mauritanie pour l'aider à résoudre la crise dans le nord de son territoire. Un putsch à Bamako a précipité la crise dans le nord du Mali, passé il y a deux semaines sous contrôle d'une rébellion touareg, d'islamistes armés et de divers groupes criminels. Le président mauritanien a évoqué «une superposition de problèmes » au Mali, avec l'abandon par le pouvoir central du Nord du pays, sur lequel est venu se «greffer le problème du terrorisme et des trafics ». « Je ne pense pas qu'il faille avoir une nouvelle république dans cette région, mais c'est aux Maliens de choisir s'ils veulent accorder l'autonomie au Nord du Mali. On n'est pas contre, si les Maliens l'acceptent », a-t-il dit, en référence aux rebelles touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad » (MNLA), qui ont proclamé l'indépendance de l'Azawad (nord du Mali), une déclaration rejetée par la communauté internationale. Sur le terrain, les rebelles touareg subissent l'ascendant du groupe islamiste Ansar Dine, appuyé par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). «Je ne vois pas comment on peut discuter avec les terroristes. Nous ne les combattons pas pour le moment, mais si la communauté internationale, le Mali ou les pays de la région décidaient de les combattre, on ferait partie de ce groupe », a-t-il expliqué. « Au départ, les terroristes n'avaient pas des effectifs très importants, 300 personnes, quelques dizaines de véhicules. Maintenant ils ont conquis 65% du territoire malien, ils ont toute latitude pour s'équiper. Les Etats qui vont les combattre feront face à une armée », a mis en garde Mohamed Ould Abdel Aziz. « Les Européens devraient intervenir dans le bon sens, c'est à dire éviter à l'avenir de payer des rançons. Je comprends leur souci de sauver des vies, mais à chaque fois qu'une rançon est payée, cela permet aux terroristes de s'équiper davantage, de recruter du personnel et de prendre d'autres otages », a-t-il souligné.