L'Algérie, consciente d'être l'objet d'intérêts, veut, de son côté, en tirer un maximum de bénéfices. C'est pour souligner la grande solidarité qui prévaut entre la France et l'Algérie que le ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, a entamé sa visite à Alger par des visites aux pompiers algériens et dans un camp de sinistrés du 21 mai dernier. Une solidarité qui s'est manifestée dans les deux sens. A Bab El-Oued et à Boumerdès, les Français se sont distingués par leurs équipes de sauveteurs et les techniciens de la voirie. En France cet été, les Algériens ont participé à la lutte contre les incendies de forêts. Des élans qui sont à mettre au compte de la refondation des relations entre les deux pays. Fruit de la volonté politique des deux chefs d'Etat, le rapprochement opéré entre l'Algérie et la France a de quoi inquiéter les Etats-Unis qui avaient misé, dès les années 90, de sortir l'Afrique du Nord de la zone d'influence française. La forte présence américaine dans les champs pétrolifères du Sud algérien n'exclut pas que la France espère un retour et cherche à développer ses positions avec son ancienne colonie. Ce n'est pas un hasard de calendrier si, au moment où Sarkozy visite Alger, le secrétaire d'Etat américain, Burns, débarque, lui aussi, dans la capitale algérienne. Si le rapprochement avec les Américains ne peut être que purement politique, il y a dans les relations avec la France un intérêt populaire indéniable. D'ailleurs, cette particularité n'échappe pas aux dirigeants français qui appuient les initiatives socio-culturelles comme l'Année de l'Algérie en France ou l'augmentation du nombre de visas. Une dimension que ne peuvent avoir les Américains. Il n'en reste pas moins que les deux puissances peuvent proposer à l'Algérie une coopération dans la lutte antiterroriste et un appui à sa demande de reconversion de la dette pour ne citer que ces deux exemples. Burns et Sarkozy font figure d'acteurs d'une compétition que se livrent la France et les Etats-Unis pour une présence renforcée en Algérie. L'Algérie, consciente d'être l'objet d'intérêts, veut, de son côté, en tirer un maximum de bénéfices. Son principal objectif est d'attirer à terme les investisseurs de ces pays. En attendant et en cette période pré-électorale que vit l'Algérie, les visites simultanées des ministres français et américains sont interprétées par l'opinion algérienne comme une caution au pouvoir en place. Ce qui, à n'en pas douter, est en mesure d'influer sur le cours des événements.