François Hollande qui a remporté le premier tour, a tous les atouts en main pour composter le 6 mai au soir son ticket pour l'Elysée Désormais champion d'une gauche unifiée avec le soutien des communistes et des écologistes, François Hollande va chercher à consolider sa stratégie de rassemblement anti-Sarkozy. Le socialiste François Hollande, victorieux au premier tour de la présidentielle française, et Nicolas Sarkozy, désavoué pour sa gestion de la crise, cherchaient hier à séduire les 18% d'électeurs d'extrême droite, un niveau historique, ainsi que les 9% de centristes. Désormais champion d'une gauche unifiée avec le soutien des communistes et des écologistes, François Hollande va chercher à consolider sa stratégie de rassemblement anti-Sarkozy. Les proches de M.Hollande martèlent que «quatre Français sur cinq» ont «dit +non+ à Nicolas Sarkozy» et qu'ils ont ainsi apporté «leur confiance à François Hollande». Les socialistes courtisent aussi une partie de l'électorat du Front National, notamment les classes populaires déçues par la gauche dans les années 80. «L'extrême droite est à un haut niveau et Nicolas Sarkozy en est responsable», a estimé hier François Hollande. «Il y a des électeurs qui ont pu aller vers ce vote par colère. C'est ceux-là que je veux entendre», a poursuivi le favori qui devait se rendre en Bretagne (ouest) hier. «Il y a un vote Front National qui est un vote d'exclusion, de division, mais ce n'est pas la majorité (...) c'est l'impression qu'ils n'ont pas leur place dans la société», a estimé pour sa part la patronne du Parti socialiste Martine Aubry. «Confiant» dans sa capacité à porter au pouvoir une gauche qui n'a plus présidé le pays depuis 17 ans et plus exercé le pouvoir depuis 10 ans, M.Hollande affrontera le chef de l'Etat sortant le 6 mai lors d'un scrutin à l'issue encore incertaine, en dépit du soutien de la gauche radicale et des écologistes. Pour Nicolas Sarkozy, l'équation est difficile à résoudre: comment faire le grand écart pour séduire à la fois les électeurs centristes et ceux de l'extrême droite? Le candidat centriste François Bayrou a indiqué qu'il allait s'adresser aux deux finalistes et se déterminer en fonction de leurs réponses. La chef de file de l'extrême droite Marine Le Pen a donné rendez-vous le 1er mai pour donner sa position, même s'il est peu probable qu'elle donne des consignes de vote. Ses principaux lieutenants ont indiqué hier qu'ils ne choisiraient pas au second tour entre les deux finalistes. Le camp présidentiel pourrait être tenté de maintenir, voire intensifier, le discours très à droite développé avant le premier tour. L'ex-ministre de la Justice, Rachida Dati, a ainsi estimé hier que le 1er tour «valide les thèmes de campagne» défendus par Nicolas Sarkozy: «maîtrise de l'immigration, renforcement des frontières, lutte contre la délocalisation, réforme du système scolaire». Le chef de la diplomatie Alain Juppé a estimé que le mot immigration n'était pas un «mot tabou». «Le discours de Nicolas Sarkozy sur l'immigration, qui consiste à dire que la France ne peut pas accueillir tous les immigrés me convient parfaitement», a-t-il dit. Et le conseiller spécial du chef de l'Etat, Henri Guaino, a mis en garde contre le risque «de refaire le chemin des années 30», prévenant que si le message des électeurs n'était pas entendu il y aurait «non pas seulement le sentiment national, mais le nationalisme». Le score de Marine Le Pen au premier tour est le plus élevé jamais réalisé par sa famille politique, et les sondages de report de voix ne donnent pas encore une image très nette de l'attitude qui pourrait être celle de ses électeurs au second tour. Deux sondages - Ipsos et Harris Interactive - réalisés dimanche soir montrent que de 44 à 69% de ses électeurs se reporteraient sur Nicolas Sarkozy, 17 à 18% sur François Hollande.